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PolitiqueRussie

2024, année électorale jouée d'avance en Russie

2 janvier 2024

La victoire de Vladimir Poutine à la présidentielle de mars fait peu de doute. L'opposition est réduite à l'exil ou au silence.

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Vladimir Poutine lors d'une réunion
La quasi-totalité des opposants d'envergure ont été emprisonnés ou poussés à l'exilImage : Sputnik/Mikhail Klimentyev/Kremlin via REUTERS

Vladimir Poutine est au pouvoir depuis un quart de siècle. La Constitution, qu’il a remodelée à son avantage, l’autorise théoriquement à rester au pouvoir jusqu'en 2036. 

Il dépasserait alors Joseph Staline en termes de longévité au Kremlin. 

"Les gens sont certes mécontents de beaucoup de choses. Mais le champ politique a été nettoyé. Le pays est immense et personne (à part Vladimir Poutine) n'aurait les ressources pour se battre pour la présidence", explique le politologue Alexander Kynew basé à Moscou. 

Les principaux opposants politiques sont soit exilés, soit emprisonnés, comme Alexeï Navalny. D'autres sont morts ou ont été réduits physiquement au silence. 

Un jeune poète se tient derrière une vitre lors de son procès
Un tribunal de Moscou a condamné à des peines de cinq ans et demi et sept ans de prison deux poètes russes qui avaient participé à une lecture contre l'offensive en UkraineImage : Alexander Nemenov/AFP/Getty Images

Une économie qui résiste

L’issue de la présidentielle étant jouée d’avance, l’enjeu reposera surtout sur le taux de participation pour donner ne serait-ce qu’un semblant de légitimité à la réélection de Poutine. 

Malgré la guerre en Ukraine, appelée "opération militaire spéciale" en Russie, le pays semble par ailleurs avoir retrouvé un certain optimisme, estime Denis Volkov du centre Levada de Moscou, un institut de sondage russe indépendant.

Le nombre de personnes qui pensent que leur situation va se dégrader a diminué de moitié par rapport à l'année dernière.

Le Kremlin a réussi à dompter les effets des sanctions occidentales et à stabiliser le système bancaire russe.

L'économiste Natalia Subarevitch note que "l'économie russe est robuste". Les voies d'approvisionnement pour les marchandises sanctionnées en dehors de l'UE sont nombreuses. Les exportations se font désormais de plus en plus vers la Chine, l'Inde ou le Moyen-Orient. La Russie pourrait même augmenter ses dépenses militaires en Ukraine. 

Un regime de plus en plus repressif 

En Ukraine, où la contre-offensive de l’armée ukrainienne est jusqu'à présent largement infructueuse, les Russes ne craignent plus que leur armée soit défaite. 

"La guerre est devenue une routine, un contexte auquel on s'est habitué depuis longtemps, mais dans lequel la plupart des gens ne sont pas impliqués. Elle est menée quelque part, mais c'est loin", explique Denis Volkov. 

Ukraine, Kiew | Rauch nach Russischen Luftangriffen
2023 a été marquée par l'échec de la contre-offensive estivale de l'armée ukrainienne et une reprise d'initiative des forces de MoscouImage : Danylo Pavlov/REUTERS

Dans le même temps, la machine à répression tourne à plein régime. Les critiques de la guerre sont condamnés à des peines de prison. Plus largement, les libertés individuelles, comme celles de la communauté LGBTQ+ sont bafouées.  

L'historienne Irina Scherbakowa, membre fondatrice de la célèbre organisation de défense des droits de l'homme Memorial, interdite par le pouvoir en 2021, constate que "le long bras de la dictature s'immisce de plus en plus profondément dans la vie des gens".

Mais l’historienne veut continuer à croire à la lumière au bout du tunnel. Vladimir Poutine n’est pas éternel, et c’est le propre des régimes autoritaires : lorsque toutes les circonstances sont réunies, ils peuvent voler en éclat.