Sentiment d'injustice en Afrique du Sud face à Omicron
29 novembre 2021Le nom du variant Omicron est désormais dans toutes les bouches quand il est question du coronavirus. Le G7 s'est réuni en urgence ce lundi (29.11) après-midi pour en parler, les pays européens déclarent les uns après les autres avoir détecté des cas de cette forme de la Covid-19 qui a été découverte en Afrique du Sud.
Là-bas, bien qu'en hausse, le nombre de contaminations confirmées est encore en-dessous des cas détectés en Allemagne. Mais cela est aussi dû au fait qu'il y a moins de personnes qui se font tester.
Quoi qu'il en soit, plusieurs Etats ontfermé leurs frontières aux personnes en provenance d'Afrique du Sud… et les autorités sud-africaines refusent que leur pays devienne le bouc émissaire du monde.
Vacciner, vacinner
"Nous avons un outil puissant, ça s'appelle la vaccination!". Voilà l'appel lancé dimanche [28.11.21] par le président Cyril Ramaphosaa qui n'y est cependant pas allé par quatre chemins : il trouve les restrictions imposées par d'autres pays "totalement injustifiées".
"Nous sommes profondément déçus des restrictions de voyage décidées par certains Etats suite à la découverte du variant Omicron", a déclaré le président sud-africain. Nous demandons à ces pays de revoir leur décision. Il n'y a aucune raison scientifique pour maintenir ces restrictions."
Même ton amer du côté de la porte-parole de l'Assemblée nationale, Nosiviwe Mapisa-Nqakula, qui n'a pas mâché ses mots lors d'une réunion des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) : "La Covid-19 renforce des préjugés inimaginables. Le fait est que l'attention de scientifiques sud-africains a été attirée sur ce variant et qu'ils l'ont identifié. Nous avons l'impression d'être sanctionnés pour avoir informé le monde de l'existence du variant Omicron."
Contaminations à la hausse
Les contaminations sont reparties à la hausse. Il y a moins d'une semaine, 2% des tests étaient positifs, maintenant 9% d'entre eux détectent la présence du variant.
L'épidémiologiste sud-africain Salim Abdool Karim estime que les nouvelles contaminations au variant Omicron pourraient bientôt dépasser les 10.000 par jour.
Pour l'heure, l'Afrique du Sud ne renforce pas ses mesures de confinement parce que, pour l'instant, les symptômes observés sont légers et tous les patients atteints ont moins de 40 ans.
Ce qui renforce l'impression, répandue dans la société sud-africaine, d'un traitement injuste par les autres pays qui ont placé l'Afrique du Sud sur liste rouge.
L'Organisation mondiale de la santé souhaite que "les frontières restent ouvertes". L'OMS rappelle que le droit international prévoit que les restrictions de voyage doivent être décidées sur une base scientifique, "sans être invasives ni intrusives".
Le maire du Cap, Geordin Hill-Lewis, craint les répercussions sur le tourisme. Selon lui, "c'était trop tôt pour mettre [l'Afrique du Sud] sur liste rouge. Des dizaines de milliers de familles dépendent du tourisme dans la ville [du Cap]". L'élu regrette que l'enthousiasme de la reprise du secteur n'ait pas tenu longtemps : "Je ne cessais de recevoir des mails de tours opérateurs qui disaient qu'enfin, ils avaient fait le plein de réservations pour décembre. Mais les petits hôteliers disent maintenant que tous leurs clients annulent."
"Afrophobie" ou précaution sanitaire ?
Sur les 3.000 contaminations enregistrées quotidiennement pendant trois jours consécutifs, 80% des cas se concentrent dans la province de Gauteng, celle où se trouvent les métropoles de Johannesburg et Pretoria.
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Après le Japon, c'est au tour d'Israël d'interdire l'entrée sur son territoire aux étrangers. Le Maroc a décidé de suspendre tous les vols entrants pendant deux semaines. Les Etats-Unis imposent à partir de ce lundi (29.11), une interdiction d'entrée sur leur territoire aux voyageurs en provenance d'Afrique du Sud et de sept autres pays d'Afrique australe.
Parmi les autres pays touchés par les restrictions de voyager à l'international se trouve le Malawi qui dénonce des mesures motivées par "l'afrophobie".
De son côté, l'OMS propose de mettre en place un nouvel instrument international pour faire face à la cinquième vague de la pandémie.