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ConflitsMoyen-Orient

L'Allemagne espère la paix pour les civils du Proche-Orient

21 novembre 2023

Interview exclusive DW avec la cheffe de la diplomatie allemande. Annalena Baerbock explique la position de l'Allemagne sur la guerre qui oppose Israël au groupe terroriste du Hamas.

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Annalena Baerbock, ministre allemande des Affaires étrangères, interviewée par Jaafar Abdul Karim (20.11.23)
Annalena Baerbock, ministre allemande des Affaires étrangères, rappelle que l'Allemagne soutient une solution à deux EtatsImage : Ronka Oberhammer/DW

La situation au Proche-Orient préoccupe aussi l'Allemagne. Berlin entretient des liens diplomatiques étroits avec Israël et ces derniers temps, plusieurs voix se sont élevées pour critiquer le soutien de l'Allemagne à Israël, celles-ci estimant que les autorités allemandes sont plus promptes à dénoncer les violences commises par le groupe terroriste Hamas que celles perpétrées par l'armée israélienne dans les territoires palestiniens occupés.

C'est pour répondre, notamment, à ces critiques et préciser le point de vue du gouvernement d'Olaf Scholz sur ce dossier que la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a accordé une interview exclusive à notre confrère Jaafar Abdul Karim, de la Deutsche Welle. 

Berlin, Deutschland | Annalena Baerbock im Interview mit Jaafar Abdul Karim
Image : Ronka Oberhammer/DW

Israël doit pouvoir se défendre

L'Allemagne soutient qu'un cessez-le-feu ne permettrait pas à l'Etat d'Israël d'assurer la protection de ses citoyens en cas de nouveaux tirs de roquettes du Hamas.

Annalena Baerbock explique qu'Israel ne peut pas négocier une trêve avec les terroristes du Hamas qui veulent "rayer Israël de la carte" et seraient prêts à en profiter pour attaquer.

"[Le Hamas] veut faire disparaître Israël et dans une situation telle, Israël doit protéger sa population, déclare Annalena BaerbockEn même temps, j'essaie – nous essayons, avec nos partenaires internationaux, avec les Américains et de nombreux pays arabes – de tout faire pour que les habitants de Gaza aient des lieux sûrs, où ils ne soient pas tués, où ils aient accès à l'eau potable, à des médicaments.

Et lorsque je suis allée en Israël, je me suis efforcée d'être claire sur ce point vis-à-vis du gouvernement israélien : les civils de Gaza doivent être protégés, les combats visent une organisation terroriste, le Hamas, qui veut anéantir Israël, mais ils ne sont pas contre la population civile de Gaza, pas contre les innocents, les femmes, les enfants, les Palestiniens innocents."

Protéger les civils palestiniens aussi, donc, et assurer que l'aide humanitaire leur parvienne. L'Allemagne plaide pour, d'un côté, la reconnaissance du droit de l'Etat d'Israël d'exister, et de l'autre, que le droit des Palestiniens à vivre en paix et à se gouverner eux-mêmes soit garanti, sans risque d'être déplacés.

Les réfugiés palestiniens du Liban tiraillés par la guerre

La responsabilité historique de l'Allemagne

La ministre allemande des Affaires étrangères s'est rendue trois fois en Israël depuis l'attaque du Hamas, le 7 octobre dernier. Annalena Baerbock a également voyagé dans plusieurs pays de la sous-région pour tenter d'éviter que le conflit ne s'étende.

Alors, quand on lui oppose que plusieurs pays arabes reprochent à l'Allemagne de soutenir aveuglément Israël, au nom de sa responsabilité dans l'Holocauste durant la Seconde Guerre mondiale, voici la réponse d'Annalena Baerbock:

"Cela m'irrite au plus haut point parce qu'à mes oreilles, cela revient à complètement relativiser ce génocide, le pire crime jamais commis au monde. 

Mon pays, le gouvernement nazi qui dirigeait l'Allemagne, porte la responsabilité de la mort de plus de six millions de juifs, de la mort de plusieurs centaines de milliers de personnes en Europe. Nous avons pris un engagement en tant que communauté internationale et le droit international est bâti sur cette leçon tirée de l'horrible Seconde Guerre mondiale. Alors que des gens critiquent aujourd'hui le fait que nous évoquions les leçons tirées de cette guerre, sur lesquelles repose le droit international, cela me gêne au plus haut point.

[…] Nous portons une responsabilité vis-à-vis du droit international, nous savons quelle est notre responsabilité en tant qu'Allemands : garantir au peuple juif, que l'Allemagne nazie a tenté d'exterminer, un pays sûr. Il s'agit de l'Etat d'Israël et c'est pourquoi la sécurité de l'Etat d'Israël a le statut deraison d'Etat pour l'Allemagne.

 Pour moi, cela n'entre pas en contradiction avec le droit international ou humanitaire, ni avec l'universalité des droits humains. Je le répète : chaque vie a la même valeur et ces images horribles d'enfants palestiniens m'empêchent autant de dormir que celle des enfants israéliens qui ont été kidnappés."

Annalena Baerbock au côté de l'émir du Qatar Tamim bin Hamad Al Thani
Annalena Baerbock a effectué plusieurs déplacements aux Proche- et Moyen-Orient pour appuyer les négociations en coursImage : Kira Hofmann/photothek/IMAGO

Assurer la paix aux "innocents palestiniens"

Annalena Baerbock appelle également le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, à condamner les violences commises par des colons juifs en Cisjordanie.

Berlin soutient donc les négociations en cours, pour obtenir des couloirs humanitaires et la libération des otages encore aux mains des groupes islamistes palestiniens.

Quant à l'objectif ultime de l'Allemagne, la ministre le rappelle, c'est "une solution à deux Etats", qui permette aux deux populations de vivre en paix, délivrées du terrorisme.

Sommet des BRICS 2023: Lula da Silva (Brésil) Xi Jinping (Chine), Cyril Ramaphosa (Afrique du Sud), Narendra Modi (Inde) et Sergueï Lavrov (Russie) le 20.11.23
Cyril Ramaphosa (au milieu) accuse Israël de "génocide" à GazaImage : GIANLUIGI GUERCIA/AFP

Les accusations de Cyril Ramaphosa

L'Afrique du Sud présidait aujourd'hui une réunion extraordinaire virtuelle des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) "sur la situation à Gaza et au Proche-Orient". Le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, a accusé Israël de "crimes de guerre" et de "génocide" à Gaza, il réclamé un "cessez-le-feu immédiat et complet".  Vendredi, le président sud-africain a demandé une enquête à la Cour pénale internationale sur la guerre qui oppose Israël aux islamistes du Hamas.

Le 7 octobre dernier, plusieurs centaines de combattants du Hamas ont attaqué Israël et commis des atrocités sur des civils. L'Etat hébreu a décompté environ 1.200 morts et 240 personnes prises en otages puis retenues dans la bande de Gaza.

En réaction à cette attaque, le gouvernement israélien a lancé des frappes aériennes ciblées sur la bande de Gaza et envoyé des troupes au sol. Le Hamas affirme qu'en six semaines d'opérations, 13.300 personnes auraient été tuées dans la bande de Gaza. Un bilan impossible à vérifier à l'heure actuelle.