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L'Allemagne compte sur les pays voisins du Soudan

24 janvier 2024

La ministre allemande des Affaires étrangères est en tournée. Annalena Baerbock veut s'appuyer sur l'Afrique de l'est pour relancer les pourparlers de paix au Soudan.

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Un homme devant les ruines d'un bâtiment et la carcasse brûlée d'une voiture (photo prise à Khartoum le 6 juin 2023)
La guerre au Soudan s'est déchaînée d'abord dans la capitale, Khartoum, avant de se propager à d'autres régions stratégiquesImage : AFP

Annalena Baerbock entame mercredi (24.01.2024) un voyage en Afrique de l'est.

La ministre des Affaires étrangères de l'Allemagne l'a indiqué avant de partir : elle espère ramener les belligérants soudanais autour de la table des négociations, avec le concours d'autres Etats de la sous-régions, notamment "Djibouti, le Kenya et le Soudan du Sud".

Cette initiative est louable "au vu de la gravité de la situation qui prévaut actuellement au Soudan", du point de vue de Clément Deshayes. Toutefois, ce chercheur de l'Institut de recherche et de développement (IRD) en France estime que la démarche de la cheffe de la diplomatie allemande a peu de chance d'aboutir à des pourparlers de paix dans le contexte actuel.

Interview Clément Deshayes (IRD) sur la guerre au Soudan

Interview avec Clément Deshayes

Clément Deshayes: Je ne crois pas que ce soit une initiative ait beaucoup de chances d'aboutir. Cela dit, toutes les initiatives sont aujourd'hui les bienvenues au vu de la situation catastrophique sur le terrain [au Soudan].

Néanmoins, on a vu depuis le début du conflit, depuis avril dernier, une multiplication des initiatives un peu solitaires de différents pays et qui n'aboutissent pour l'instant pas à grand-chose.

Le but de ce voyage et de faire, si je comprends bien, pression sur des partenaires du Soudan qui sont déjà plus ou moins impliqués dans la tentative de résolution de ce conflit, puisqu'il y a eu un sommet de l'Igad dont le sujet principal était la résolution du conflit soudanais.

Néanmoins, l'armée soudanaise a refusé de venir à ce sommet et a retiré sa participation à l'Igad, cet organisme supranational représentant les pays d'Afrique de l'est.

DW : Quelles répercussions est-ce que les tensions internes à l'Igad, notamment au sujet de l'accord passé entre l'Ethiopie et le Somaliland, qui divise les Etats de la sous-région, peuvent avoir sur la guerre au Soudan ?

CD: Il faut replacer cela dans la géopolitique du conflit soudanais. L'armée est plus proche de l'Egypte qui est son principal parrain et aide régionale, l'Egypte qui a par ailleurs des tensions avec l'Ethiopie.

L'Ethiopie a été accusée à plusieurs reprises par l'armée [soudanaise] d'entretenir des liens trop proches avec les RSF, même si l'Ethiopie ne soutient pas directement les RSF et qu'il n'y a pas de preuve jusqu'à aujourd'hui qu'ils apportent un soutien, ni financier ni militaire, aux RSF. Mais les Ethiopiens sont jugés comme étant trop proches des intérêts des RSF par l'armée [soudanaise] qui a refusé un certain nombre de médiations. Ça a été aussi par le Kenya, mais également par l'Ethiopie sur ces questions-là.

Donc, les différents conflits s'imbriquent, plus ou moins, puisqu'on voit que l'armée soudanaise est plutôt alignée avec les intérêts égyptiens et que les RSF - un petit peu par opportunisme également - ont tenté de développer des liens plutôt avec d'autres pays de l'Afrique de l'est comme le Kenya, éventuellement l'Ethiopie, pour essayer de contrer cette alliance entre l'armée [soudanaise]et les Egyptiens

On voit que les différentes choses s'imbriquent un petit peu, mais ne se recoupent pas complètement, puisque cette question de l'Egypte et de l'Ethiopie est de toute façon plus ancienne et liée à la question du partage des eaux du Nil.