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Batteries électriques : Amnesty International inquiète

15 octobre 2024

Pour l'ONG, les constructeurs automobiles n'encadrent pas suffisamment leur approvisionnement des minerais nécessaires aux batteries électriques.

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Un autobus électrique du constructeur polonais Solaris dans un hall d'exposition à  Leipzig en Allemagne (14.04.2016)
La hausse de la demande en véhicules électriques est vue comme une bonne nouvelle pour l’environnement, mais pas forcément pour les droits humainsImage : Jan Woitas/ZB/picture alliance

Pour lutter contre le réchauffement climatique, la plupart des Etats industrialisés prônent une transition énergétique.

L’idée est de passer, en quelques années, à une énergie décarbonée, c’est-à-dire qui ne soit plus émettrice de gaz à effet de serre et surtout de CO2.

L’un des moyens d’atteindre une réduction des émissions de deux gigatonnes en dix ans (d’ici à 2035) serait de généraliser l’utilisation des véhicules électriques.

Mais cette option pose aussi des problèmes en matière de droits humains et Amnesty International s’en inquiète, dans un rapport publié ce matin [15.10.24].

Le lien entre voiture électrique et droits humains

La hausse de la demande en véhicules électriques dans les prochaines années est sans doute une bonne nouvelle pour l’environnement, mais peut-être moins pour les pays d’où proviennent les minerais dont les constructeurs automobiles ont besoin. Le cuivre, le cobalt, le coltan ou le lithium, par exemple. 

C’est ce que nous explique Kristina Hatas, spécialiste de l’économie et des droits humains chez Amnesty International Allemagne.   

"Dans les pays où sont extraites ces matières premières, il y a de nombreuses violations des droits humains. Par exemple, des conditions de travail sans sécurité, des problèmes de santé dus à ces conditions de travail, du travail forcé, des violations des droits des peuples autochtones… ou encore de la pollution qui conduit à son tour à des violations des droits fondamentaux, comme le droit à la nourriture ou à l’eau." 

Devoir de diligence

D’où l’appel d’Amnesty International aux entreprises de prendre conscience de leur devoir de diligence.  

Cela signifie, explique Kristina Hatas, que "les entreprises identifient les risques d’impact de leurs activités et de leurs chaînes d’approvisionnement " sur l’environnement et sur les droits humains : qui sont leurs partenaires, quelles normes respectent-ils ou pas ? Où s’approvisionnent-ils ? Ensuite, prendre des mesures pour contrer les violations des droits humains où elles ont lieu et publier les résultats du suivi de ces mesures.

Bons points pour l'Allemagne, quoique...

Dans le classement d’Amnesty International, les grands groupes allemands (VW, BMW et Mercedes Benz) obtiennent des résultats un peu meilleurs – ou moins mauvais – que les autres.

Pour Kristina Hatas, cela s’explique par le fait qu’en Allemagne, il existe des lois contraignantes sur le devoir de diligence des entreprises.  

Mais Amnesty International ne croit pas aux "mesures sur la base du volontariat". 

"Nous attendons du gouvernement allemand qu’il applique avec rigueur la loi sur le devoir de diligence dans les chaînes d’approvisionnement, qui est en vigueur depuis l’année dernière. Cela implique aussi que l’organisme public de contrôle des entreprises réclame des rapports aux entreprises et qu’il vérifie sur place, soit systématiquement, soit en cas de doute sur des violations, par les entreprises, de leur devoir de diligence."

Mine d'or à ciel ouvert en Tanzanie (illustration)
Pour Amnesty International, les constructeurs automobiles n'encadrent pas suffisamment leur approvisionnement des métaux nécessaires aux batteries électriques Image : Joerg Boethling/IMAGO

Sensibiliser les consommateurs

L'ONG réclame également l’application des directives de l’Union européenne. 

"Malheureusement, en ce moment, on assiste en Allemagne à un débat qui va dans le mauvais sens : on parle d’amollir la loi sur les chaînes d’approvisionnement, voire de l’abroger – ne serait-ce qu’en partie. Nous pensons que c’est une très mauvaise idée. Ce n’est pas de la bureaucratie inutile, il est question ici de gens et des droits de ces personnes", précise Kristina Hatas. 

L’espoir d’Amnesty International est que les consommateurs aussi seront sensibilisés, dans les prochaines années, pour intégrer le facteur droits humains dans leur décision d’achat d’une nouvelle voiture.