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Au Burkina, prudence après les propos du capitaine Traoré

Charles Bako
4 octobre 2022

Le capitaine Ibrahim Traoré est apparu rassurant dans l'opinion. Celui-ci privilégie la sécurité mais par prudence, certains veulent le juger sur ses actes.

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Le capitaine Ibrahim Traoré salue la foule mobilisée pour le soutenir le 2 octobre 2022
Le capitaine Traoré a promis de respecter les engagements pris par son prédecesseur à l'égard de CédéaoImage : Vincent Bado/REUTERS

Le calme est de retour au Burkina Faso après le nouveau coup de force militaire du vendredi (30.09.2022). Les populations vaquent à leurs occupations après des journées de manifestations pour soutenir le coup d'état du capitaine Ibrahim Traoré de l'unité combattante Cobra.

Le nouvel homme fort assure désormais les affaires courantes de l'Etat jusqu'à la prestation de serment du nouveau président qui sera désigné à l'issue de réunions qui sont annoncées avec "les forces vives". Le capitaine Ibrahim Traoré a déclaré que la situation était sous contrôle et que tout rentrait progressivement dans l'ordre.

Diverses réactions au sein de l'opinion burkinabè

Serge Bayala : "Que va devenir ce discours à l’épreuve du terrain ?"

La sérénité revient peu à peu au Burkina Faso. L'adresse à la nation du nouvel homme fort du pays justifiant le coup d'Etat a visiblement reçu un bon accueil auprès de certains Burkinabè.

D'autres manifestent leur prudence et préfèrent attendre les résultats des nouvelles autorités du pays.

"Le plus important, c'est ce que va devenir ce discours à l'épreuve du terrain, à l'épreuve de la gouvernance, à l'épreuve des influences et à l'épreuve des tentatives de retournement de veste", estime Serge Bayala, un acteur de la société civile burkinabè.

Vendredi soir, un groupe d'une quinzaine de soldats a pris le contrôle du siège de la télévision nationale à Ouagadougou et annoncé avoir déposé le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, jusqu'ici chef de la junte au pouvoir depuis le coup d'Etat de janvier 2022 et président de transition. 

"C'était prévisible que ce genre de choses arrive. J'avais souhaité qu'un jour, l'armée prenne ses responsabilités", réagit Ousmane Zabre pour qui ce nouveau coup de force n'est pas une surprise.

Le défi de la victoire sur les groupes djihadistes

De nombreux Burkinabè pensent que le discours du capitaine Ibrahim Traoré est animé d'une intention forte dans la lutte antiterroriste.

"Le discours qu'il a tenu est prometteur, il y a de l'espoir", se réjouit par exemple Latifatou Kibsa Ouedraogo, une étudiante en gestion de projet. 

Paul-Henri Sandaogo Damiba : "Je leur formule mes voeux de succès"

Lors d'une rencontre dimanche (02.10.2022) avec les secrétaires généraux des ministères, le capitaine Ibrahim Traoré a demandé qu'un inventaire soit présenté dès ce mardi (04.10.2022), des véhicules du parc automobile des différentes administrations pour renforcer le dispositif roulant de l'armée.

Mais cette démarche ne convainc pas encore Serge Bayala pour qui cet ordre manque de précision.

"Si par exemple j'avais entendu dire à des ministères spécialisés ou à des directions de défense spécialisées de faire le point du matériel militaire en leur possession qui ont des difficultés précises, pour moi si c'était spécifié à ces corps cela irait. Mais de façon globale comme cela, je ne pense pas que ça puisse correspondre à des besoins de guerre", doute cet acteur de la société civile.

Le capitaine Ibrahim Traoré a reçu l'allégeance du commandement des forces armées nationales.

Quant à l'ancien chef de la junte, Paul-Henri Sandaogo Damiba, il s'est réfugié au Togo après une médiation de chefs coutumiers et religieux. C'est de Lomé qu'il s'est adressé à ses compatriotes, à travers une vidéo postée sur sa page Facebook.

Il avait demandé une garantie en échange de sa démission : aa sécurité, celle de ses collaborateurs, des militaires qui le soutenaient et aussi le respect des engagements pris avec la Cédéao dont une délégation qui était initialement attendue lundi, devrait arriver finalement ce mardi à Ouagadougou.

Charles Bako Correspondant au Burkina Faso pour le programme francophone de la Deutsche Welledw_francais