Iyad Ag Ghali s'en prend aux régimes militaires au Sahel

Selon Iyad Ag Ghali, "l'affrontement est entré dans une nouvelle phase". C'est pourquoi, Iyad Ag Ghali a lancé un appel aux musulmans de ces pays du Sahel.

Dans cette rare déclaration, authentifiée mercredi par SITE, une ONG américaine spécialisée dans le suivi des groupes radicaux, Iyad Ag Ghali a demandé aux membres des tribus locales de soutenir ses combattants contre "les gouvernements traîtres" du Mali, du Burkina Faso et du Niger et contre le groupe paramilitaire russe Wagner, engagé au Mali. 

Il leur demande aussi de ne pas rejoindre les rangs de ces "ennemis". A qui fait-il allusion ? 

Selon Wassim Nasr, journaliste, analyste et spécialiste des mouvements djihadistes, "les ennemis, pour lui, c'est l'armée malienne qu'il décrit aussi comme une armée de l'apostasie. Ça veut dire qu’il estime que ce ne sont  même plus des musulmans. Il cible évidemment les forces de Wagner. Et ça comprend aussi, par exemple, les VDP (Volontaires pour la défense de la patrie, ndlr) au Burkina Faso. C'est un appel aux tribus et aux clans de la région à ne pas envoyer leurs enfants se battre dans les rangs des forces de sécurité ou de leurs supplétifs, ou du moins à ne pas collaborer avec eux".

Rétablissement du blocus à Tombouctou

La prise de parole d'Iyad Ag Ghali coïncide avec la décision de son mouvement, le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans, lié à Al-Qaïda, de rétablir le blocus de Tombouctou, dans le nord du Mali. Celui-ci affirme en effet que l’armée malienne aurait profité de l’assouplissement de ce blocus, accepté dans un premier temps par les djihadistes. Wassim Nasr explique que "ce sont les populations civiles qui vont en payer les prix en termes de soins, en termes de ravitaillement, en termes de vie, de commerce. En tout cas, le JNIM (Jamāʿat nuṣrat al-islām wal-muslimīn, sigle en arabe du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, ndlr) est en train de faire la démonstration qu'il est en capacité de lever ou d'imposer un blocus comme bon lui chante".

Appel à la mobilisation

Iyad Ag Ghali promet la victoire sur l'armée malienne et les mercenaires russes de Wagner, d'où son appel à la mobilisation. Par ailleurs, le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans accuse l'armée malienne et ses alliés de commettre des exactions sur les populations locales. 

Alors que le groupe terroriste empêche, dans le même temps, l'ONG Médecins sans frontières de fournir de l'aide humanitaire aux populations.

Selon un spécialiste des mouvements djihadistes au Sahel, qui préfère rester anonyme, il est, je cite, "paradoxal de voir un groupe djihadiste dénoncer des exactions alors que ces djihadistes sont aussi accusés de commettre des exactions".

Celui-ci estime que cette situation est due désormais à l'absence de témoins extérieurs depuis le départ de l'armée française et de la Minusma.

Un mois après la prise de Kidal par l’armée malienne contre les anciens rebelles touaregs, réunis au sein du Cadre stratégique permanent pour la paix, la sécurité et le développement, les relations entre lyad Ag Ghali et les touaregs se sont détériorées.

Les touaregs reprocheraient en effet au groupe djihadiste de ne pas les avoir aidés face à l’avancée de l’armée malienne, soutenue par les mercenaires russes de Wagner.