Ballet diplomatique autour de la Corée du Nord
30 mai 2018Kim Yong Chol est l'un des plus hauts dirigeants nord-coréens. Il a dirigé les services de renseignements, est resté fidèle à la dynastie des Kim depuis Kim Il Sung, fondateur de la Corée du Nord.
C'est lui qui emmène la délégation d'officiels qui a transité mercredi (30 mai) matin par Pékin pour se rendre à New York. Le choix de Kim Yong Chol ne doit rien au hasard. Il a été accusé d'avoir orchestré l'attaque d'un navire sud-coréen en 2010 et ordonné le piratage de l'entreprise Sony Pictures en 2014.
Selon Jung Pak, ancien agent de la CIA et désormais membre de du think-tank Brookings Institution, "Kim Yong Chol est l'homme à tout faire de Kim Jong Un".
Objectif : sauver le sommet
L'objectif affiché : sauver la rencontre, prévue le 12 juin à Singapour, entre Kim Jong Un et Donald Trump. Pour ce faire, les émissaires nord-coréens rencontrent le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo.
Dans le même temps, une autre équipe négocie avec des émissaires de Pyongyang à la frontière entre les deux Corées. Une information confirmée lors d'un point de presse par Heather Nauert, porte-parole du Secrétariat d'État américain.
"Je ne vais pas entrer dans les détails, mais je trouve très impressionnant de voir où nous en étions il y a un an, il y a six mois même, et que maintenant plusieurs réunions puissent se tenir simultanément pour parler de la dénucléarisation de la péninsule coréenne."
Le désarmement nord-coréen durera longtemps
Pour l'heure, il est difficile de savoir exactement de quel arsenal nucléaire la Corée du Nord dispose. Selon la déclaration conjointe proclamée par les deux États coréens en 1992, aucun des deux pays n'est censé en posséder. En 2002, Pyongyang a cependant repris son programme d'armements nucléaires.
Un expert en arme atomique cité par le New York Times, Siegfried Hecker, estime qu'un désarmement total, tel qu'annoncé par l'administration Trump, pourrait prendre jusqu'à quinze ans.
En échange de ses efforts, le régime de Pyongyang demande à Washington d'abandonner son allié de Séoul, ce qui est illusoire.
La Russie, pour sa part, envoie dès demain (31 mai) son ministre des Affaires étrangères en Corée du Nord. Sergueï Lavrov avait déjà appelé en avril la communauté internationale à donner des "garanties en béton armé" à Pyongyang en échange de son désarmement nucléaire.
Et le 7 juin, le Premier ministre japonais, autre allié des Etats-Unis, est attendu à Washington pour discuter de la nouvelle donne dans la sous-région.
Les négociations promettent d'être encore âpres en amont de la rencontre du 12 juin. Et en aval aussi.