Blaise Compaoré se place en stratège face à l'insécurité

Avant l'arrivée à Ouagadougou de l'ex-président burkinabé, certaines sources affirmaient déjà que le gouvernement de la transition était en contact depuis plusieurs mois avec la Côte d'Ivoire où  Blaise Compaoré  était en exil depuis 2014. 

Les experts en géopolitique estiment que l'ex-président déchu n'aurait pas foulé le sol burkinabé sans des garanties pour sa sécurité, lui qui en avril dernier avait été condamné à la perpétuitépour la mort de Thomas Sankara en octobre 1987.

L'intérêt de la justice écarté

Dany Ayida, expert en matière de gouvernance et directeur exécutif du National democratic institute (NDI) basé à Kinshasa, "pense qu'il y a certainement un petit compromis qui a été trouvé, de mettre entre parenthèses des condamnations, pour voir comment une union sacrée peut se constituer autour de la cause nationale."

Dany Ayida est aussi de l'avis qu'en 27 ans de règne, Blaise Compaoré a pu bâtir une influence dans la sous-région, surtout dans la zone des trois frontières rassemblant le Burkina Faso, le Niger et le Mali. 

Compaoré comme stratège face au djihadisme

Alors que les deux autres pays de ce secteur étaient pris d'assaut par le djihadisme, le Burkina Faso était à l'abri. 

Antoine Glaser, journaliste français et spécialiste de la politique africaine, revient sur le poids de l'ex-président sur la question de l'insécurité qui mine le Burkina Faso depuis les sept dernières années : "Ce n'est pas le retour de Blaise Compaoré ou une pseudo-réconciliation nationale qui va changer quoi que ce soit. Mais c'est tout un système avec des gens qui négociaient souvent avec les djihadistes pendant toute la période de Blaise Compaoré. A mon avis, c'est sur ce système que compte Paul-Henry Sandaogo Damiba pour essayer de se sortir de ce problème sécuritaire et économique."

L'influence de l'ex-chef de l'Etat aussi reposerait sur la relation de longue date qu'il a pu entretenir avec des poids lourds de la Cédéao comme la Côte d'Ivoire.

Les historiens affirment que depuis la mort de l'ancien président ivoirien Félix Houphouët-Boigny en 1993, Blaise Compaoré est intervenu plusieurs fois dans les crises qui ont secoué la Côte d'Ivoire. Il s'était manifesté notamment en 2010 autour de la crise électorale entre Laurent Gbagbo et l'actuel président Alassane Ouattara qu'il avait d'ailleurs ouvertement soutenu.