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Anxieux, le Bronx veut résister à un nouveau pouvoir Trump

Jean-Claude Abalo
6 novembre 2024

Ce quartier traditionnellement démocrate a massivement voté contre Donald Trump, voyant en son retour une menace pour les droits de la femme.

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Scène de rue photographiée ce mercredi 6 novembre dans le Bronx
Le Bronx est traditionnellement acquis aux démocratesImage : Jean-Claude Abalo/DW

Le soleil s'est levé sur une ville divisée et, dans le Bronx, à New York, l'ambiance est marquée par un mélange de désarroi, de colère, et, pour certains, une pointe de résilience. La nouvelle de la victoire de Donald Trump a frappé durement dans ce quartier où l'on garde en mémoire les années tumultueuses de son précédent mandat. 

La déception au bout du suspense

Craig, un habitant du Bronx répondant au reporter de la Deutsche Welle
Les habitants du Bronx sont pour la plupart des Afro-américainsImage : Jean-Claude Abalo/DW

Dans les rues, la fatigue des dernières heures de suspense laisse place à des conversations inquiètes. Craig, un habitant du Bronx, rumine sa colère. "J'ai voté pour Kamala Harris. Alors maintenant, il faut que je me procure un passeport. Pourquoi ? Parce que Trump est de retour à la présidence. Non, hors de question. Les droits des femmes… Comment peut-on décider à la place d'une femme, ce qu'elle peut faire de son corps ? Il (Donald Trump, ndlr) aspire à être un dictateur, à rester président pour toujours. Il traîne de nombreuses inculpations, et pourtant il n'est pas en prison. Et malgré tout, on l'a élu. Qu'est-ce que c'est que ça ? Moi, j'ai mon passeport, et je pars pour Taipei”.

Dans le Bronx, où de nombreux habitants sont issus de communautés afro-américaines et latino-américaines, la déception est palpable. Ce quartier, traditionnellement démocrate, a massivement voté contre Donald Trump, voyant en son retour une menace pour les droits de la femme

Inquiétudes concernant les droits de la femme 

"C'est un jour très triste pour l'Amérique. Je n'ai pas pu dormir de la nuit, et je n'arrivais pas à croire que ce pays choisisse le dictateur plutôt que la démocratie", se désole Georgia qui considère que c'est un vote contre les femmes.

"Je n'arrive pas à croire que le peuple américain ait choisi la division plutôt que l'unité. Je ne peux pas croire que les gens aient voté contre moi en tant que femme”, regrette-t-elle encore.

"C'est un jour très triste pour l'Amérique" (Georgia, habitante du Bronx)

Pour d'autres, comme Coma, partir est aussi la solution. "Je suis surprise, mais en même temps, je ne suis pas surprise, parce que je connais beaucoup de gens personnellement. Ils ne voulaient pas d'une femme au pouvoir, mais en même temps, beaucoup de gens ont voté pour Trump sur la base de l'argent, ou n'ont pas voté pour lui sur la base de ce qu'il a dit. J'ai juste l'impression que l'avenir de l'Amérique est en train de se dégrader, et je veux personnellement partir. J'essaie d'aller au Canada et de prier pour le meilleur pour l'Amérique, parce que je viens d'Amérique, mais je vois que le Sud est en train de se dégrader”, confie Coma à la DW.

En désespoir et résignation

Cependant, certains habitants se disent prêts à donner une nouvelle chance au président réélu, espérant qu'il pourrait surprendre en adoptant un ton plus conciliant. "J'attendais avec impatience la victoire d'une femme. Hélas ! Elle n'a pas gagné", s'exclame Stella, faisant allusion à la candidate démocrate Kamala Harris. "Mais je suis surpris qu'ils aient voté pour Trump. Qui sait ? J'espère qu'il a changé”, espère-t-elle.

Au-delà des sentiments partagés, une certitude semble unir les habitants du Bronx : la lutte pour leurs droits ne fait que commencer.

Dans les rues et les foyers, entre conversations et messages partagés sur les réseaux sociaux, ils s'organisent pour affronter les défis des quatre prochaines années. Pour beaucoup, la victoire de Donald Trump est un appel à la mobilisation.

Jean-Claude Abalo Correspondant à New York aux Etats-Unis pour le programme francophone de la Deutsche Welle