Au Burkina Faso, les défis du secteur minier
29 septembre 2023La Semaine des activités minières d'Afrique de l'Ouest, qui réunit les acteurs du secteur des mines, se tient cette année dans un contexte sécuritaire précaire. Les attaques des groupes djihadistes ont entrainé l'année dernière une baisse de 14% de la production d'or, principale ressource minérale du Burkina. Plusieurs mines, mais aussi des centaines de sites artisanaux d'orpaillages, ont dû être fermés.
Un recul mais de l'espoir
Selon les données de l'Initiative pour la transparence dans les industries minières extractives, en 2020, le secteur minier contribuait pour 14,3% aux recettes de l'Etat burkinabè.
Mais avec la recrudescence de la menace terroriste, la production aurifère a reculé de 13,7% en 2022 par rapport à 2021, passant de 66,8 à 57,6 tonnes.
Un recul que le ministre des Mines et des Carrières, Simon Pierre Boussim, s'efforce de relativiser.
S'il reconnait que la production a baissé en 2022, il assure toutefois "qu'il y aura une petite hausse en 2023. Parce que quelques mines ont fait une surproduction". Le Burkina reste, selon le ministre, un pays attractif en matière d'exploitation minière.
Simon Pierre Boussim estime par ailleurs qu'un "message qui est vulgarisé peint le pays en rouge pour décourager les investisseurs… Mais ceux qui sont sur place continuent de montrer (qu'on peut faire des affaires) et les pays amis sont aussi venus pour montrer que le Burkina reste résilient et qu'il y a de bonnes affaires qu'on peut faire au Burkina".
L'activité des groupes djihadistes a entraîné la fermeture de plusieurs mines, comme celles d'Aresso, de Nord Gold, de Bouroum et Riverstone Karma. La mine d'or de Boungou, située dans la province de la Tapoa, dans l'est, tout près de la région des trois frontières, est aussi menacée.
"L'exploitation minière rencontre actuellement beaucoup de difficultés liées aux problèmes de l'insécurité qui rend le travail difficile, empêchant la fourniture des biens et services à ces mines. Donc cela rend les mines moins productives que les années antérieures" confirme Abdoul Razaki Kaboré, directeur général de la société coopérative Burkina Mine.
Selon lui, "il y a eu une baisse de production sur le plan national des différentes sociétés minières. En plus des convois héliportés, les sociétés sont obligées de renforcer leur sécurité, ce qui augmente leurs charges et rend les conditions de travail difficiles parce que les travailleurs ne se sentent pas en sécurité, donc ça joue sur les rendements."
Dans ce contexte, l'industrie minière du pays a perdu plus de 2.000 emplois et le manque à gagner pour les recettes de l'Etat est d'environ 24,9 milliards de francs CFA.
L'impact sur les sites miniers artisanaux
Les mines épargnées par les attaques investissent pour leur part d'énormes sommes d'argent dans le transport des travailleurs par voie aérienne. Lucie Kabré, la présidente de l'Association des femmes du secteur minier du Burkina explique ainsi que "la situation n'est pas du tout facile. Nous avons subi une attaque meurtrière le 15 janvier 2019. Aujourd'hui, le service est fermé."
Lucie Kabré rappelle également qu'au niveau des sites miniers artisanaux "depuis février 2022, une décision a été prise de fermer les sites parce qu'il semble que des groupes armés terroristes se réfugiaient dans ces sites miniers artisanaux pour extraire de l'or et préparer leurs coups."
Près de 700 sites d'orpaillages artisanaux auraient été ainsi abandonnés. Avec la fermeture de ces sites, il devient aussi impossible de poursuivre les activités de sensibilisation et d'information sur les dangers du travail dans les mines d'or artisanales.