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La peur des intimidations et des enlèvements au Burkina Faso

31 janvier 2024

Les vagues d'arrestations et d'enlèvements sur la voie publique au Burkina Faso inquiètent de plus en plus au sein de la société civile burkinabè.

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Burkina Faso Ouagadougou une femme passe en moto devant un poste de la police nationale (illustration)
Les voix critiques sont réprimées par les autorités de transition burkinabèImage : Olympia de Maismont/AFP

Au Burkina Faso, des avocats, des journalistes, des militants des droits humains font l'objet, depuis plusieurs mois maintenant, d'intimidations. Certains se font enlever en plein jour par des hommes en civils et sont envoyés au front, en vertu du décret sur la mobilisation générale d'avril 2023. Dernier épisode en date : la tentative d'enlèvement de Moussa Diallo, le secrétaire-général du syndicat CGT-B.

Devant le domicile du SG CGT-B

Lundi, une foule de militants du syndicat CGT-B et de sympathisants sont venus devant le domicile de Moussa Diallo, pour apporter leur soutien au secrétaire-général du syndicat. Devant la caméra de Burkina 24 TV, Etienne Convolbo, le secrétaire général confédéral de la CGT-B pour la région Centre, expliquait sa présence sur place : "Ce matin très tôt, aux alentours de 6h, une fourgonnette et un pick-up sont venus et ont tenté de forcer la porte. Ils ont finalement rebroussé chemin. Naturellement, en pareilles circonstances, en tant que structure, nous avons appelé nos militants à une veille sur la sécurité de notre responsable."

Peu de temps auparavant, Moussa Diallo avait fait part sur Facebook de sa crainte d'être victime d'un enlèvement alors que son domicile était encerclé par des policiers en civil.

La tension était palpable entre les syndicalistes d'un côté et les agents de la BAC (brigade anticriminalité) et des CRS (Compagnie Républicaine de Sécurité) de l'autre. Trois militants auraient été embarqués pour une destination inconnue, le syndicat serait depuis lors sans nouvelles d'eux.

Moussa Diallo, lui, serait en sécurité. Ses partisans affirment qu'il est prêt à coopérer avec la justice s'il est convoqué dans les formes.

Le syndicaliste est en procès actuellement contre un écrivain et activiste, Adama Siguiré, qu'il accuse de diffamation. Celui-ci avait affirmé que le responsable syndical aurait "reçu de l'argent de l'impérialisme pour déstabiliser la transition". 

Le procès a été renvoyé au 26 février, à la demande de la défense.

La peur de parler

Cet incident est survenu quelques jours seulement après l'enlèvement, à l'aéroport, de l'avocat Guy-Hervé Kam. Ces derniers mois, plusieurs personnalités jugées hostiles à la transition militaire ont subi le même sort.

Le seul à avoir accepté de s'exprimer à notre micro est l'avocat Seydou Roger Yamba qui reproche aux autorités de ne pas suivre les procédures légales : pourquoi ne pas notifier aux personnes visées les charges qui pèsent sur elles, avant de procéder à la perquisition de leur domicile ou à leur arrestation ?

"Les gens sont en train de s'organiser pour tenter emsemble d'exercer des voies de droit contre ce type de comportements nouveaux […] Là où est le droit, l'arbitraire se range", déclare Seydou Roger Yamba à DW Afrique.

Les autres personnes (militants politiques, syndicalistes, avocats, militants des droits humains…) que nous avons tenté de joindre pour recueillir leur avis ont refusé de s'exprimer :

"Désolé pour mes réserves (légitimes au regard de la situation nationale)."

"La situation est trop tendue en ce moment."

"Je sais que les syndicats appellent leurs membres à rester vigilants mais pour le moment je ne sais pas si une manifestation se prépare."

"Désolé, je ne peux pas, merci de votre compréhension."

Voici quelques-unes des réponses qu'ils nous ont données. Tous nous ont fait comprendre qu'il était trop dangereux désormais de s'exprimer publiquement. Plusieurs ont laissé entendre qu'un mouvement de protestation était en préparation.