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Cameroun : négociations au point mort malgré des violences

Élodie Amen
3 juin 2019

Une nouvelle attaque aurait fait plusieurs dizaines de mort en fin de semaine dernière. Malgré un bilan qui s'allourdit de jour en jour, le dialogue national n'a pas commencé.

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Präsidentschaftswahl in Kamerun Sicherheitskräfte
Militaires et séparatistes s'accusent mutuellement des violences contre les civilsImage : DW/F. Muvunyi

Une quarantaine de maisons auraient été incendiées, des habitants torturés, du bétail massacré et des biens pillés dans le Nord-Ouest du Cameroun, la semaine dernière, dans la nuit de jeudi (30.05.2019) à vendredi (31.05.2019). Cela s'est passé plus précisément à Upkwa, près du lac Nyos. Le gouverneur de la région, Adolphe Lele, accuse les séparatistes anglophones. Une accusation qui n'est pas une première. Séparatistes armés et soldats s'accusent mutuellement de prendre les civils pour cibles depuis plusieurs mois.

Près de 2000 morts

En attendant, le bilan des victimes du conflit s'alourdit de jour en jour et le dialogue national proposé par le gouvernement n'a pas commencé. En vingt mois, la crise anglophone a fait 1.850 morts selon l'International Crisis Group et contraint plus de 530.000 personnes à quitter leur domicile. 

Lire aussi → La crise au Cameroun avec ses déplacés

"C'est très dur parce que la première chose que tout le monde cherche c'est la sécurité. Dans les zones anglophones ça ne va pas, ce n'est pas facile de vivre là-bas au Sud-ouest et Nord-ouest", raconte une habitante sous couvert d'anonymat. "Tu te lèves le matin, il y a des corps partout, c'est grave ! Pour trouver de la nourriture ce n'est pas facile, je vous dis !". Et d'insister : "Il faut que les Camerounais se réconcilient"

Au pouvoir d'agir

Une réconciliation qui doit donc passer par un dialogue inclusif, comme l'a proposé le gouvernement camerounais. Mais depuis cette annonce rien de concret n'a été engagé. L'annonce avait malgré tout été accueillie favorablement, sous réserve d'un certain nombre de conditions, par Sissiku Ayuk Tabe, le leader autoproclamé de la république d'Ambazonie, emprisonné depuis janvier 2018. 

Kamerun Buea Katholische Universität
Certaines universités, ici a Buea, ont dû fermer à cause de la criseImage : DW/H. Fotso

Alors que faire aujourd'hui ? "Les solutions qu'il faut explorer c'est de rapprocher dans un premier temps toutes les factions et multiplier du côté du pouvoir les gestes d'apaisement", estime l'analyste politique Joseph Léa Ngoul. Il propose, par exemple, la libération d'une grande partie des prisonniers arrêtés dans le cadre des manifestations anglophones et qui ne sont pas impliqués dans des actes violents. "C'est aussi l'accompagnement des familles déplacées et puis maintenant la disposition du gouvernement à engager un véritable dialogue qui aborde toutes les questions."

Les séparatistes anglophones du Cameroun, pays à majorité francophone, militent pour la création d'un Etat indépendant dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Ils ont pris les armes contre Yaoundé depuis la fin 2017.