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Paoua : l'emploi informel nourrit les jeunes

Jean-Fernand Koena
16 décembre 2021

De l'emploi informel offert aux jeunes pour briser le cercle vicieux de la guerre qui ensanglante la Centrafrique, c'est le défi que tente de relever Mercurol Ndota, natif de Paoua.

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Mercurol Ndotar achemine des marchandises sur sa moto
Mercurol Ndotar achemine des marchandises sur sa moto Image : Jean Fernand Koena/DW

Il est 5h du matin, Mercurol est déjà debout et devant son bureau et donne les orientations à ses employés avant de prendre la route.

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Mercurol Ndotar fait du taxi moto, tous les jours, jusque dans les coins les plus reculés de Paoua. Il transporte des produits agricoles que les paysans ne parviennent pas à faire acheminer par manque d’un  réseau routier fiable. 

Mercurol Ndotar | ZAR
Image : Jean Fernand Koena/DW

Mercurol explique comment son métier lui permet de gagner sa vie et créer de l’emploi jeune.
 
''Au départ, je travaillais pour des particuliers. Mais après moult réflexions, j'ai acheté mes motos à moi. Avec ces motos, nous gagnons notre vie et  créons de l'emploi aux jeunes désœuvrés. Cela nous permet de prendre en charge leur famille et générer de l’argent aussi.''

Combattre le chômage des jeunes

Mercurol n'a pas fait de longues études  mais il est conscient de ce que l'oisiveté représente pour les jeunes dans une région en proie à l'insécurité. 

Aujoud’hui, ils sont nombreux, les jeunes qui cherchent un emploi auprès de Mercurol Ndotar.

"Quand les jeunes arrivent pour la première fois, nous devons d'abord les encadrer. Le plan d'encadrement est simple, si la personne ne maîtrise pas la conduite, il faut veiller à ça. Ensuite, il fait l’objet d’un accompagnement pour maîtriser les recettes pendant une semaine. Si ces différentes phases sont concluantes, on peut signer un contrat qui lui donne le droit de  travailler avec la moto. Si le jeune nous donne ce qu’on attend de lui, la moto lui revient. Et c'est comme ça que nous les encadrons. Nous parcourons 100, 90 ou 50 km, là où les véhicules n'arrivent pas depuis plus de 6 ans. C'est nous les taxis motos qui desservons les villages et cela nous remporte beaucoup."

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Autre activité économique

Freddy Bodowaye travaille à la gare routière. Il charge les véhicules des marchandises que les moto taxis ramènent à la gare. Freddy explique combien il gagne par jour.

"Moi, je suis chargeur de véhicules. Mais nos revenus dépendent de l'arrivée des véhicules et nous pouvons charger deux ou trois véhicules par jour. Nous chargeons un sac à 300 FCFA. Mais si c'est dans le dépôt, le prix est différent. Par jour on peut faire 300 sacs et gagner 160.000Fcfa qu'on se doit de partager entre l'équipe de 8 personnes."

Paoua, une ville meurtrie par la guerre
Paoua, une ville meurtrie par la guerre Image : AP

Quant à Mercurol Ndotar, cultivateur à la base, il a su finalement capitaliser les acquis de sa nouvelle aventure ambitieuse en mettant en place un entrepôt ou les commerçants peuvent stocker leur marchandises destinées à l'exportation.

Il a aussi créer de l’emploi en recrutant des jeunes, ce qui lui permet d’augmenter son chiffre d’affaires  et de combiner son business avec ce qu'il sait faire le mieux :  l'agriculture. Mercurol Ndotar

''Ici c'est le dépôt que nous avons ouvert et nous l'avons confié à un jeune d'ici. C'est lui qui gère car je n'ai pas le temps matériel pour ça. Il n'a pas un salaire fixe le mois. En revanche, il est payé en fonction des recettes réalisées. Nous allons calculer en fonction du chiffre d’affaires et on lui donne ce qu'il peut gagner''

Activités agricoles

Pour mieux atteindre les performances, Mercurol s'appuie aussi sur la vente à la sauvette des produits pétroliers à défaut de station d'essence à Paoua.

Medard Bokodjo travaille avec Mercurol. Il songe un jour être autonome en travaillant la terre. 

Ecoutez le reportage à Paoua

''J'ai fait deux ans dans la vente d'essence aux taxis motos. Mais nos activités ont été affectées par les conséquences de Covid-19 avec les fermetures des frontières.  Heureusement, nous avons un peu d'économie et nous sommes aussi dans le commerce d'arachide. Le plus important pour nous aujourd'hui c'est d'acheter les bœufs pour relancer l'agriculture.''

Les activités de Mercurol et de bien d'autres jeunes de Paoua constituent de bonnes occasions pour les jeunes chargeurs à la gare routière de Paoua.

Par cette activité, Mercurol Ndotar paye des taxe à la mairie, il aide les jeunes sans emploi exposés aux risques d'enrôlement dans les milices armées.

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