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climat

Manque d’eau potable, le monde a de plus en plus soif

Srinivas Mazumdaru
17 juin 2022

La moitié des pays du monde, notamment dans le Sahel, souffriront d'une pénurie d'eau d'ici 2050 selon une étude de l’Onu.

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Des réfugiées du Mali au Burkina Faso font la queue pour remplir des jerricanes d'eau
Image : OLYMPIA DE MAISMONT/AFP/Getty Images

Des sécheresses plus fréquentes et plus longues, dues au changement climatique provoqué par l'homme et à une mauvaise gestion de l'eau, aggravent le problème.

D'après une étude récente de l'Institut universitaire des Nations unies pour l'eau, l'environnement et la santé, la moitié des pays du monde souffriront d'une pénurie d'eau d'ici 2050.

Parmi eux, les pays de la région du Sahel en Afrique, les régions du Moyen-Orient et de l'Asie sont les plus touchés. Les scientifiques ont donc mis en avant quelques idées originales pour résoudre le problème.

Transporter des icebergs de l'Arctique vers l'Afrique ?

La masse de glace arctique est constituée de 27 millions de kilomètres cubes d'eau, dont 100.000 icebergs se brisent chaque année dans la mer et fondent. Ces énormes morceaux constituent une gigantesque source d'eau douce encore inexploitée.

Certains scientifiques pensent qu'il serait possible de l'exploiter. Par exemple au Cap, en Afrique du Sud. La ville a failli manquer d'eau en 2017.

La technique existe déjà, du moins pour le transport de petits icebergs d'une centaine de mètres de large. Les groupes pétroliers et gaziers remorquent de tels morceaux de glace sur quelques kilomètres à l'aide de petits bateaux lorsqu'ils s'approchent dangereusement des plateformes de forage.

Mais personne n'a encore transporté un véritable iceberg géant sur des centaines de kilomètres.

Transporter un iceberg est techniquement et financièrement compliqué
Transporter un iceberg est techniquement et financièrement compliquéImage : blickwinkel/IMAGO

Certes, cette idée spectaculaire a déjà été réalisée virtuellement : en 2011, des simulations scientifiques sur ordinateur ont permis de transporter avec succès un iceberg géant de Terre-Neuve à travers l'Atlantique.

Mais pour qu'un tel projet soit rentable, on estime que l'iceberg transporté devrait mesurer un kilomètre de long, 500 mètres de large et 250 mètres de profondeur, et peser 125 millions de tonnes. A titre de comparaison, le Titanic, coulé par un iceberg en 1912, pesait environ 50.000 tonnes.

Un tel iceberg géant pourrait couvrir environ un cinquième des besoins en eau de Cape Town pendant un an.

Mais de nombreuses questions restent en suspens : par exemple, dans quelle mesure des vagues de plusieurs mètres de haut pourraient entraver le transport sur des centaines ou des milliers de kilomètres ? Quelle quantité de glace fondrait en cours de route et quelles en seraient les conséquences pour les écosystèmes marins ?

 

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Cloud Seeding - Faire la pluie soi-même

Et si l'on pouvait simplement faire tomber la pluie là où on en a besoin ? Cela peut paraître fou, mais c'est possible. Cette méthode s'appelle le cloud seeding.

L'un des moyens supposés magiques : l'iodure d'argent. A l'aide de fusées ou d'avions, le produit chimique est projeté dans des nuages de pluie. L'iodure d'argent lie l'humidité dans les nuages en gouttes qui tombent sur la terre sous forme de pluie. 

Un programme est déjà en cours en Chine qui prévoit d'utiliser le cloud seeding dans les années à venir sur une surface 1,5 fois plus grande que l'Inde pour protéger l'agriculture en période de sécheresse et lutter contre les incendies de forêt et de brousse.

En Russie, cette méthode est régulièrement utilisée pour que le soleil brille lors des fêtes publiques et des défilés militaires. Pour éviter que les nuages ne gâchent le défilé, on les fait pleuvoir au préalable.

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L'impact environnemental de ce produit chimique a été jusqu'à présent jugé extrêmement faible dans des études à long terme. Selon une autre étude, une utilisation mondiale et nettement plus étendue pourrait néanmoins avoir un impact sur les écosystèmes.

Et "même de petites quantités d'iodure d'argent sont toxiques pour la vie marine", prévient Thara Prabhakaran, scientifique en physique des nuages à l'Indian Institute of Tropical Meteorology. Les produits chimiques sont certes extrêmement dilués avant d'arriver sur terre mais on dispose jusqu'à présent de "peu d'informations" sur les risques, déclare Thara Prabhakaran.

Et faire pleuvoir dans des régions où il ne pleut presque jamais ne sera pas non plus possible avec cette méthode. Il faut des nuages spéciaux et des prévisions météorologiques précises, ainsi que des équipements techniques qui sont loin d'être disponibles partout.

Dans les régions très chaudes, les gouttes de pluie pourraient en outre s'évaporer avant de tomber sur la terre, explique la scientifique. Le cloud seeding n'est donc pas la solution unique pour le monde entier. Mais pour certaines régions, la fabrication artificielle de la pluie pourrait être une chance, si la méthode y est viable et scientifiquement pertinente.

De nombreux villages en Afrique collectent déjà de l'eau de cette manière
De nombreux villages en Afrique collectent déjà de l'eau de cette manièreImage : StockTrek Images/IMAGO

colter le brouillard : des mini-gouttelettes d'air

Mais il n'est pas nécessaire de recourir à la haute technologie pour tirer profit de l'humidité de l'atmosphère. La "récolte" du brouillard est une tradition ancestrale qui peut constituer une source d'eau fraîche fiable, notamment pour les communautés vivant dans des régions montagneuses arides.

En effet, la nuit, il y fait nettement plus frais, l'humidité de l'air augmente et il y a régulièrement du brouillard. Des filets à mailles d'environ un mètre carré ou plus sont placés perpendiculairement à la direction du vent. Le vent souffle le brouillard à travers les filets et l'humidité s'y accroche.

Des gouttes se forment et s'écoulent dans une citerne qui recueille l'eau. Cette méthode est déjà utilisée avec succès dans les zones rurales du Chili, du Maroc et d'Afrique du Sud.

Dans le cadre de projets en Erythrée, des villages collectent déjà de cette manière un total de 12.000 litres d'eau par jour. L'eau y est utilisée comme eau potable. "Il ne s'agit pas seulement d'eau, mais aussi d'aspects sociaux et économiques", explique Qadir. "Les femmes, qui devaient normalement parcourir des kilomètres pour se rendre à la source d'eau la plus proche, peuvent désormais exercer d'autres activités, les enfants peuvent aller à l'école".

Une installation de 40 m2 coûte environ 1.500 dollars (1.400 euros) et produit environ 200 litres d'eau par jour. Il a été démontré que les récoltes par brouillard constitueraient une source d'eau potable alternative pour au moins 70 régions sur tous les continents. 

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Bon pour le tonneau et la citerne : recueillir l'eau de pluie 

Stocker l'eau de pluie dans de petites citernes ou de grands étangs, c'est une méthode que les gens utilisent depuis très longtemps. Les plus anciennes citernes souterraines connues ont plus de 5.000 ans.

Cependant, le potentiel de l'eau de pluie est encore loin d'être pleinement épuisé dans le monde. Dans les régions arides du monde, comme le Proche-Orient, le Sahel ou l'Asie, plus de 90 % de l'eau de pluie s'évapore sans être utilisée ou s'écoule simplement.

Les possibilités sont pourtant nombreuses. Chacun peut collecter les précipitations en installant des gouttières et des tuyaux vers un réservoir de récupération et les utiliser pour l'agriculture ou, filtrée, comme eau potable.

Dans les villes où l'eau est rare, la collecte de l'eau de pluie sur les toits des maisons, par exemple, peut non seulement garantir l'approvisionnement en eau potable, mais aussi réduire l'inondation des systèmes d'égouts en cas de fortes pluies.

Des fossés et des digues spécialement aménagés peuvent favoriser énormément le stockage de l'humidité dans le sol. Lorsqu'il pleut, l'eau est dirigée là où elle est nécessaire. Là, elle peut s'infiltrer lentement et irriguer les plantes à long terme tout en protégeant le sol de l'érosion. 

Les auteurs d'une étude de 2020 estiment même qu'une collecte systématique de l'eau de pluie pourrait augmenter la production agricole de 60% à 100% en Ouganda, au Burundi, en Tanzanie et en Inde.