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La Chine et le problème russe

14 mars 2022

Les relations entre la Chine et la Russie sont étroites. Mais Pékin ne veut sans doute pas risquer de couper les liens avec ses clients occidentaux... ni des sanctions économiques.

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Vladimir Poutine pourrait devenir un ami encombrant pour Xi Jinping
Vladimir Poutine pourrait devenir un ami encombrant pour Xi JinpingImage : Alexei Druzhinin/Russian Presidential Press and Information Office/TASS/dpa/picture alliance

Une aide économique et militaire de la part de la Chine. Voici la demande formulée par la Russiepour continuer la guerre en Ukraine, d'après des informations du New York Times qui se base sur des informations des services de renseignement américains.

Ce soutien chinois pourrait permettre aux autorités russes de contourner les sanctions prises par les Occidentaux. Sauf que les relations sino-russes ont beau être anciennes, la Chine aurait fort à perdre à soutenir la Russie contre le bloc occidental dans la guerre en Ukraine.

>>> Lire aussi : Crise ukrainienne : la Chine joue la carte de la prudence

Une "amitié" de trente ans

L'amitié entre la Chine et la Russie est "solide comme un roc", le ministre chinois des affaires étrangères, Wang Yi l'a répété récemment.

La cérémonie d'ouverture des JO de Pékin a d'ailleurs été l'occasion pour les deux chefs d'Etat Xi Jinping et Vladimir Poutine d'afficher leurs bonnes relations.

La Russie est le pays le plus vaste et la Chine celui le plus peuplé au monde. Et en effet, depuis les années 1990, ces deux géants sont alliés sur plusieurs plans pour faire face à l'hégémonie occidentale - des Etats-unis en particulier.

Au Conseil de sécurité de l'Onu, où les deux Etats disposent chacun d'un siège de membre permanent, la Russie et la Chine se soutiennent l'une et l'autre. 

La coopération économique est scellée par l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) créée en 2001.

Import/export

La Chine a besoin des matières premières russes dans les secteurs de l'énergie (pétrole, gaz, charbon, métaux) et de l'agriculture (blé). Elle importe aussi du matériel militaire russe et, sur ce plan, la coopération entre les deux armées a été renforcée en 2005 avec la mise en place de manoeuvres communes.

Côté chinois, les autorités suivent avec attention les opérations militaires russes en Ukraine qui pourraient leur servir de modèle face à Taiwan.

Cette alliance sino-russe fait peur aux Occidentaux.

Garder la porte ouverte vers les Etats-unis

Mais la Chine ne souhaite sans doute pas s'exposer” à des sanctions substantielles” ni se transformer "en paria”, comme l'analyse sur Twitter le diplomate américain Richard Haass, du think-tank Council on Foreign Relations.

Refuser d'apporter maintenant son soutien à la Russie lui laisserait ouverte la porte des négociations avec les Etats-unis. 

>>> Lire aussi : Jeffrey Hawkins : "Joe Biden a bien réagi"

D'ailleurs le conseiller à la sécurité nationale du président américain et le plus haut responsable du parti communiste chinois en charge de la diplomatie se rencontraient aujourd'hui à Rome pour discuter à la fois de la concurrence entre leurs deux pays et des répercussions de la guerre en Ukraine.

L'Ukraine occupe une place stratégique dans le projet chinois des Nouvelles routes de la soie
L'Ukraine occupe une place stratégique dans le projet chinois des Nouvelles routes de la soieImage : edna/imago images

L'Europe centrale et sa place stratégique

Certains analystes estiment que, certes, la Chine doit se réjouir de voir la Russie devenir vulnérable, ce qui place Pékin en position de force. Mais la Chine n'a, géostratégiquement parlant, pas intérêt à soutenir ce conflit qui pourrait déstabiliser une zone où elle est très influente par le biais d'un mécanisme appelé 16+1. Il s'agit d'un cadre de dialogue qui associe seize pays d'Europe centrale et orientale à la Chine. 

L'Ukrainerevêt aussi une grande importance pour le projet chinois BRI, les "Nouvelles routes de la soie”. Or, avec la guerre en préparation, les échanges commerciaux avec les clients ukrainiens sur les marchés de gros chinois du sud, dans la région d'Yiwu, ont commencé à chuter dès fin 2021.

Les meilleurs clients de la Chine

Mais le principal intérêt économique de la Chine réside en Occident : elle ne peut pas se permettre de couper les liens avec ses principaux clients. Seul 1% des exportations chinoises allait en Russie en 2020, d'après le magazine Forbes. Et les importations européennes et américaines chinoises sont vingt fois supérieures aux marchandises chinoises importées par la Russie. 

Sommet Chine-France-Allemagne sur la guerre en Ukraine, le 8 mars 2022
Sommet Chine-France-Allemagne sur la guerre en Ukraine, le 8 mars 2022Image : Benoit Tessier/AP/picture alliance

De plus, Forbes relève que les entreprises chinoises cotées sur les marchés occidentaux valent 2200 milliards de dollars, une somme non-négligeable pour une économie chinoise qui ralentit et un Etat très endetté.

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Alors, en dépit de son souhait de renverser l'ordre fixé après la Seconde guerre mondiale par les accords de Bretton Woods, qui scellent la prédominance américaine dans le système financier international, Pékin va devoir y réfléchir à deux fois avant de faire front aux côtés de Vladimir Poutine. Sinon, la Chine encourrait des sanctions économiques occidentales que la crise immobilière qui menace dans le pays ne lui permettrait pas d'affronter. 

>>> Lire aussi : Guerre en Ukraine, pourquoi Ankara joue les médiateurs?

D'où la proposition chinoise de faire office de médiatrice dans le conflit. Ceci lui permettrait, en se posant comme une nouvelle pacificatrice, d'éviter les sanctions et en même temps de renforcer son poids diplomatique sur la scène internationale, pour prendre à terme la place que sont en passe de perdre les Etats-Unis.