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Côte d’Ivoire : la désobéissance civile de l’opposition

21 septembre 2020

Le scrutin présidentiel se tient fin octobre avec la participation d’Alassane Ouattara. L’opposition entend continuer à contester sa candidature.

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Les partis proches de Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié jugent anticonstitutionnelle la candidature d’Alassane Ouattara
Les partis proches de Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié jugent anticonstitutionnelle la candidature d’Alassane Ouattara

L'opposition a, au nom de l'ex-président ivoirien, Henri Konan Bédié, appelé hier à la "désobéissance civile" face à ce qu’elle considère être la "forfaiture" de la candidature à un troisième mandat du chef de l'Etat Alassane Ouattara.

Cet appel à la désobéissance civile a été pris en présence des principales formations politiques qui s'opposent au troisième mandat du président ivoirien.

Au cours de sa sortie médiatique, l’opposition n’a pas appelé au boycott du scrutin présidentiel du 31 octobre. Elle n’a pas non plus, détaillé la forme et le début de la désobéissance civile.

La désobéissance civile en question

Affoussiata Bamba-Lamine, l'une des avocates de Guillaume Soro et membre du bureau politique de Générations et peuples solidaires, la formation de l'ex-président de l'Assemblée nationale ivoirienne,  explique que pour matérialiser la désobéissance civile, "les Ivoiriens ne vont pas écouter ce que le gouvernement dit pour manifester où ils doivent manifester, pour exprimer leurs droits."

"Les Ivoiriens ne vont pas écouter ce que dit le gouvernement" (Affoussiata Bamba-Lamine)

"Parce que quand on fait un coup d'Etat constitutionnel, c'est qu'on n’est plus républicain. Le premier appel, c'est celui à la désobéissance civile. Après, nous allons aller crescendo et il y aura des manifestations partout", ajoute l'ancienne ministre.

Lire aussi → Présidentielle en Côte d’Ivoire : les candidats connus 

Selon le sociologue ivoirien, Fahiraman Rodrigue Koné, l'opposition parle de désobéissance civile "sans véritablement en définir les modalités concrètes."

Le concept de désobéissance civile est une forme d'action non-violente qui s'est développée au cours du XX° siècle à partir d'expériences de luttes socio-politiques telles que celles de Mahatma Gandhi en Inde ou de Martin Luther King aux Etats-Unis.

Mode de contestation voué à l’échec ?

En Afrique, elle a commencé à être expérimentée au début des années 1990 au lendemain de la démocratisation des pays de l'espace francophone.

Prudent Victor Topanou, professeur de sciences politiques à l’université d'Abomey-Calavi au Bénin explique comment la désobéissance civile a commencé en Afrique :

"Il y avait la dimension syndicale. Donc, il fallait appeler à faire grève. Ensuite, demander aux populations, au-delà des syndicats, de ne pas aller travailler, y compris donc, ceux qui ne sont pas syndiqués. Après avoir accepté de ne pas aller travailler, on leur demandait de se mettre dans la rue, de tout paralyser."

Prudent Victor Topanou " En Afrique, ça n'a quasiment jamais réussi à inverser les rapports de force"

Sur le continent, c'est le Soudan qui est le dernier pays à avoir expérimenté la désobéissance civile. Le but était de contraindre les militaires qui ont renversé le président Omar el-Béchir à ne pas conserver le pouvoir. Cependant, d'autres pays l'ont également tenté, sans grand succès, selon Prudent Victor Topanou :

"On a l'exemple tunisien qui a probablement le plus marché dans l'espace maghrébin. Mais par contre, en Afrique noire, en dehors du Soudan, en particulier en Afrique noire francophone, on a très peu d'exemples qui aient marché. Que ce soit le Togo, le Cameroun ou le Gabon, où l'opposition a tenté la désobéissance civile. Ça n'a quasiment  jamais réussi à inverser les rapports de force et contraindre le régime en place à céder aux exigences de l'opposition."

Reste à savoir comment le pouvoir ivoirien va réagir à cet appel, surtout que seules les réunions dans des espaces fermées sont autorisées, en raison de la Covid-19.