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Des crimes graves commis au Tigré, l'ONU très préoccupée

4 mars 2021

Les atrocités ont été commises en novembre 2020 dans la ville de Dengolat au Tigré et ont été rapportées par diverses sources. Les Nations unies réclament une enquête internationale.

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Le gouvernement éthiopien a confirmé mi-février que des viols ont été commis au Tigré.
Le gouvernement éthiopien a confirmé mi-février que des viols ont été commis au Tigré.Image : Eduardo Soteras/AFP/Getty Images

Une réunion du Conseil de sécurité réclamée par de l'Irlande mais à laquelle se sont joints plusieurs autres membres du Conseil de sécurité qui réclament une enquête internationale sur des atrocités rapportées au Tigré.

Abrahaley Minasbo, un survivant des atrocités au Tigré.
Image : Nariman El-Mofty/AP Photo/picture alliance

Selon des habitants, des soldats érythréens ont massacré 164 civils après une grande fête chrétienne orthodoxe dans la ville de Dengolat en novembre.

Les survivants et leurs proches pleurent, montrent des photos, des fosses communes et des cordes utilisées pour attacher les victimes avant leur exécution.

Le massacre de Dengolat serait l'un des pires ayant touché les civils dans le conflit en cours au Tigré, où le gouvernement éthiopien a lancé une opération militaire.

Des témoignages

C’était un jour de fête dans la maison de Beyenesh Tekleyohannes lorsque des hommes en uniformes militaires sont arrivés et ont emmené les hommes et les garçons en bas de la colline pour les exécuter.

Les récits faisant état d'atrocités commises contre des civils se multiplient, y compris par des soldats de l'Érythrée voisine qui s'est associée au président Abiy contre le TPLF.
Les récits faisant état d'atrocités commises contre des civils se multiplient, y compris par des soldats de l'Érythrée voisine qui s'est associée au président Abiy contre le TPLF.Image : Eduardo Soteras/AFP/Getty Images

Lorsqu'elle est sortie de sa cachette, Beyenesh a découvert les corps de son mari, de ses deux fils adultes et de ses deux neveux. Un vrai traumatisme.

"Je préférerais mourir plutôt que d'avoir vécu pour voir ça. Mais je ne peux pas me suicider", a raconté Beyenesh.

Tamirat Kidanu est également un survivant. Agé de 66 ans, il se rendait dans ses champs le matin de l'arrivée des Erythréens quand il a reçu une balle. D'autres hommes, y compris son fils de 26 ans, ont été tués.

Les soldats de l’Erythrée voisine, qui appuient les troupes éthiopiennes, sont souvent considérés comme responsables des massacres.

Il y a deux décennies, lorsque le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) dominait le gouvernement central, l'Erythrée et l'Ethiopie ont mené une guerre frontalière brutale qui a fait des dizaines de milliers de morts.

La vengeance des Erythréens

 Les autorités d'Addis Abeba et d'Asmara nient officiellement que des troupes érythréennes soient actives dans la région.
Les autorités d'Addis Abeba et d'Asmara nient officiellement que des troupes érythréennes soient actives dans la région.Image : Eduardo Soteras/AFP/Getty Images

Pour de nombreux Tigréens, la conduite actuelle des soldats érythréens est une forme de vengeance.

"Ce genre de crime a pour but de nous exterminer, de nous humilier, de nous faire tomber bas en dessous d’eux ", estime Tamirat.

Kahsu Gebrehiwot est un prêtre de l'église orthodoxe de Dengolat. Il déplore le fait que les dirigeants religieux et gouvernementaux ne dénoncent pas les meurtres.

"La plupart des responsables, nous les écoutons dans les médias. Les églises de Tigré et les gens de Tigré ne sont pas leurs gens. Quand les gens meurent et qu'ils ne disent rien, c'est un signe qu'ils craignent pour leur vie", a fait savoir le prêtre.

Jusqu'à présent, Addis-Abeba et Asmara nient la présence de l'armée érythréenne au Tigré.

DW Französisch Carole Assignon
Carole Assignon Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_afrique