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Des interrogations au Burkina après l’attaque de Solhan

Richard Tiéné
7 juin 2021

Fin aujourd’hui (07.06), des trois jours de deuil national, après l'attaque de Solhan dans le nord-est du Burkina Faso. Le bilan fait état d’au moins 160 morts.

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Des soldats burkinabé en patrouille dans le nord du pays
Des soldats burkinabé en patrouille dans le nord du paysImage : Str/AFP

L’attaque de Solhan est la plus meurtrière menée au Burkina Faso depuis six ans  et le début des violences  jihadistes  en 2015.

Au total, "160 corps ont été inhumés le samedi (05.06) dans trois fosses communes par les populations locales dont une vingtaine d'enfants", selon  un élu de la région, cité par l’AFP.

Le président  burkinabé Roch Marc Christian Kaboré
Le président burkinabé Roch Marc Christian KaboréImage : UNTV /AP/picture alliance

Ce bilan a été confirmé par une autre source locale qui a précisé que "50 corps ont été enterrés dans chacune des deux fosses communes et 60 corps dans la troisième fossé".

"Ce sont les populations elles-mêmes qui ont procédé à l'enlèvement et à l'enterrement des corps après les avoir rassemblés et transportés" sur des triporteurs, a ajouté cette source.

Lire aussi : Attaque au Burkina : le bilan humain monte à 160 victimes

Lenteur

Pour Jacob Yarabatioula, enseignant chercheur, analyste des questions terroristes deux hypothèses peuvent justifier cette lenteur dans la capacité à réagir des soldats burkinabè face à l’hydre terroriste.

"La première c’est que l’armée manque de moyens pour y faire face. Deuxième hypothèse : ils n’en veulent pas ou il y a un problème de commandement qui plombe la réaction, la réactivité de nos forces de défense", explique-t-il.

Ecouter les explications de Richard Tiéné

Doute

La centaine de morts à solhan sème le doute au sein des populations au sujet de l’option militaire pour venir à bout du terrorisme. Le dialogue avec les groupes armés pourrait, de l’avis de certains citoyens, être une option.

"S’il n’y a pas de fissures sur le mur, un lézard ne peut pas y entrer. Moi je pense que ce que nous subissons aujourd’hui est relatif aux divisions internes."

"Nous ne voulons pas du sang. Eux ils veulent du sang. Qui perd ? Cherchons à savoir leur véritable motivation. Faisons des consensus dans la mesure du possible sans négocier l’intégrité territoriale " c'est ainsi que réagissent certains citoyens.

Lire aussi : La sécurité, une priorité pour les Burkinabè

Inefficacité

Pour une frange de Burkinabè, l’inefficacité de certaines autorités militaires et politiques seraient les causes principales de la lenteur constatée dans les prises de décisions lors des attaques. Ils proposent d’ailleurs qu’elles aient le courage de démissionner ou qu’elles soient démises de leur fonction. Le sociologue Jacob Yarabatioula évoque plutôt un manque de vision au sommet de l’État.

Des soldats burkinabè après les attentats dans un Hôtel de Ouagadougou en 2016
Des soldats burkinabè après les attentats dans un Hôtel de Ouagadougou en 2016Image : Reuters/J. Penney

Il indique que "si le président Roch trace une vision claire, l’explique au peuple burkinabè, même s’il met un enfant de CP1 à la tête de n’importe quel ministère, il va conduire à bon port la stratégie. On a laissé l’urgence de la lutte contre le terrorisme au profit du Covid 19 et d’autres situations qui ne sont pas à mon avis prioritaires".  

Pour l’heure, l’armée dans un communiqué dément le retour des groupes armés à Solhan 24 heures après leur forfait. Il en est de même de l’attaque supposée dans le nord d’un car dont tous les occupants auraient été exécutés. Des rumeurs largement diffusées dans les réseaux sociaux et certains médias.