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Deuil national au Tchad après l'attaque de Boko Haram

Blaise Dariustone
29 octobre 2024

Selon le chercheur Remadji Hoinathy, l'attaque de Boko Haram contre l'armée tchadienne est un moyen pour le groupe djihadiste de se réaffirmer militairement.

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Photo symbole d'un fusil automatique
Le gouvernement tchadien a appelé mardi la communauté internationale à intensifier son soutien dans la lutte anti-terroriste au SahelImage : Stefan Heunis/AFP/Getty Images

Au Tchad, dans la nuit de dimanche (27.10) à lundi, une attaque de Boko Haram sur une base militaire a fait au moins une quarantaine de morts dans les rangs de l’armée tchadienne.   

Mahamat Idriss Deby s’est rendu lundi sur le terrain. Le président du Tchad y a lancé dans la foulée une opération de représailles baptisée "Haskanite", du nom de cette plante épineuse typique de la région. 

La stratégie de Boko Haram a de tout temps visé à fragiliser toutes les représentations des quatre Etats du Bassin du Lac Tchad : les armées, les services publics, mais aussi les communautés locales, rappelle Remadji Hoinathy, chercheur senior à l’Institut d’étude de sécurité pour le bassin du Lac Tchad.  

Voici son interview au micro de la DW.

Ecoutez l'interview de Remadji Hoinathy...

DW : Pourquoi cette attaque maintenant ?  

Remadji Hoinathy : Nous sommes dans une période où la Force multinationale mixte qui regroupe les quatre pays du bassin du lac Tchad, sort d'une opération où elle a engrangé assez de victoires. Je pense aussi qu'elle a impacté assez fortement le groupe (Boko Haram) sur le terrain, au niveau des troupes, au niveau militaire mais aussi au niveau tactique. 

Et donc pour Boko Haram, des sorties de ce genre sont des possibilités de se réaffirmer militairement sur le terrain, mais aussi d'enrichir sa propagande en termes de rassurer ceux qui le suivent sur sa capacité à porter le mal et à continuer à déranger les armées dans le bassin du lac Tchad.   

DW : Le président tchadien promet une riposte foudroyante contre ces terroristes. Est-ce que ça va changer quelque chose ? Et comment faire pour venir à bout du terrorisme dans cette partie du Sahel ?  

Remadji Hoinathy Il faut admettre que les armées du bassin du lac Tchad, dont l'armée tchadienne, ont fourni beaucoup d'efforts contre les deux factions de Boko Haram. Mais nous restons dans une guerre asymétrique, d'où la difficulté de poursuivre, de neutraliser un ennemi qui, le plus souvent, se retrouve à couvert des communautés et des civils. C'est le caractère spécifique de ce combat. 

Et quand bien même il faut reconnaître que la Force multinationale mixte, par exemple, à travers l'opération Lake Sanity, a eu beaucoup de résultats et d'impact sur le terrain.  

Mais aujourd'hui, même si Boko Haram n'est plus à un même niveau de feu que par le passé, le groupe maîtrise toujours ce contexte du lac Tchad et peut toujours donc en petit commando, se disperser et porter le mal aussi bien sur les communautés que sur les forces armées et ensuite disparaître. 

Finalement, la question aujourd'hui qui se pose est quelle approche et quels moyens adéquats mettront en place les armées et la Force multinationale mixte pour continuer à affaiblir le groupe et dans un futur proche, venir à bout de Boko Haram ? 

Blaise Dariustone Correspondant au Tchad pour le programme francophone de la Deutsche Welledw_francais