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Au Mali, un dialogue sans toutes les communautés

Mahamadou Kane
27 février 2024

Les militaires à la tête du pays veulent un dialogue entre Maliens, mais certains groupes armés séparatistes affirment être exclus de ces discussions.

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Le 9 octobre 2020 à Bamako, des femmes rencontrent les autorités de la transition
Des Maliens voejnt en ce diaogue, le début d'un nouveau départ pour le paysImage : Premierminister von Mali

Selon Younouss Soumaré de la Forsat civile, une organisation de la société civile qui soutient les autorités de la transition, le dialogue inter-maliens est, "ouvert à des Maliens qui ne remettent pas en cause l’unicité du pays."

L'activiste de la société civile ajoute que, "tous ceux qui se reconnaissent dans un Mali uni, indivisible, peuvent prendre part à ce dialogue. Mais tous ceux qui se reconnaissent être terroristes, séparatistes et qui font des réclamations, ils n’ont plus de place dans ce pays. Ceux-ci ne peuvent donc pas prendre part à ce dialogue entre les Maliens."

Des Maliens se prononcent sur ce dialogue (audio)

Echec en vue

Mohamed El Maouloud Ramadane, porte-parole du CSP-PSD, le Cadre stratégique permanent regroupant les anciens rebelles de la Coalition des mouvements de l’Azawad, affirme qu’un tel dialogue est voué à l’échec.

"Ils parlent d’un dialogue inter-maliens, mais d’un seul côté. C'est-à-dire, les chefs de tribu avec les autorités traditionnelles qui sont fidèles à ces autorités. Je ne vois pas le problème qu’ils cherchent à résoudre. Pendant ce temps, il y a les autres qui sont en conflit avec les autorités maliennes, par exemple les mouvements du CSP-PSD d’un côté et de l’autre côté, les mouvements djihadistes du JNIM (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans). S’il y a un problème aujourd’hui, c’est bien entre les représentants de l’Etat et ceux de ces organisations. Un dialogue qui n’existe pas entre ces parties, je ne vois pas quel est son objectif", estime le porte-parole du CSP-PSD.

Des rebelles de l'Azawad dans le nord du pays, le 14 mars 2020
Des groupes armés se disent exclus de ce dialogue inter-malienImage : Souleymane Ag Anara/AFP

Un nouveau pacte national 

Mais pour Ibrahim Yahaya de l’International Crisis Group, ce dialogue pourrait favoriser des discussions avec les groupes armés, alors que, selon lui, la situation sécuritaire se détériore.

"Il peut prendre la forme d’un dialogue avec les forces vives de la nation, y compris la société civile, les autorités traditionnelles, les autorités religieuses etc… C’est d’ailleurs ce qu’on voit se mettre en place actuellement. Mais il pourrait aussi prendre la forme d’un dialogue avec les belligérants et notamment le Cadre stratégique permanent (CSP-PSD), afin de mettre fin aux hostilités et se donner les moyens d’une paix durable au nord du Mali. En troisième phase, je crois que ce dialogue inter-maliens pourrait prendre la forme de discussions pouvant aboutir à un nouveau pacte national qui regrouperait toutes les forces en armes", explique Ibrahim Yahaya.

Selon les autorités militaires de transition, le dialogue inter-maliens devrait permettre de lancer un processus pour la paix et l’élimination des racines des conflits communautaires.