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EconomieAfrique

Un siège permanent pour l'Union africaine au G20

7 septembre 2023

Réclamé depuis des années, ce nouveau statut devrait être officialisé l'an prochain. Un premier pas pour une meilleur prise en considération du continent dans les institutions internationales.

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Moussa Faki tient un discours à un pupitre de l'Union africaine.
Image : Simon Maina/AFP

Le sujet était sur la table depuis de très nombreuses années : l'Union africaine devrait bien prochainement avoir un statut de membre permanent au sein du G20, cette organisation qui réunit les 19 Etats les plus puissants de la planète économiquement. Cela a été confirmé par l'agence Bloomberg ce jeudi 7 septembre. Ce siège permanent pour l'Union africaine (UA), sur le modèle de celui dont dispose déjà l'Union européenne, devrait être officialisé l'an prochain, quand le Brésil succédera à l'Inde à la tête du G20. 

"C'est tout à fait légitime, elle aurait dû l'obtenir depuis longtemps", réagit sur la DW, Demba Moussa Dembélé, économiste sénégalais et directeur du Forum africain des alternatives. "Le continent est très vaste, et riche en ressources humaines, naturelles, et cela va de soi que l'Afrique soit présente." Il insisite sur le symbole de cette décision. "Désormais, l'Afrique ayant un statut de participant et non plus d'invité occasionnel, elle pourra mieux préparer ces rencontres du G20. Elle pourra mieux parler en son nom, plutôt que quelqu'un d'autre parle au nom de l'Afrique." 

Gros plans sur les mains d'Angela Merkel et de Moussa Faki lors d'une rencontre à Berlin en 2019.
Président en exercice de l’Union africaine, le président sénégalais Macky Sall avait largement fait campagne pour l'obtention de ce siège Image : TOBIAS SCHWARZ/AFP/Getty Images

Quelles retombeées ?

Pour autant, ces rencontres en grandes pompes pourront-elles permettre d’offrir du concret sur le continent, notamment des investissements directs ?  "Les gens qui veulent investir en Afrique n'attendent pas d'aller au G20 pour le faire. Mais au G20, au moins, les pays membres présents ne pourront plus dire qu'ils n'ont pas entendu l'Afrique", souligne Demba Moussa Dembélé. Et de questionner ensuite "Prendront-ils les choses au sérieux ou pas ? C'est la grande question, mais ils n'auront plus la possibilité de dire que l'Afrique n'était pas présente." 

De nombreux Etats s'étaient déjà prononcés en faveur de ce siège. C'est le cas de l'Allemagne notamment, où des organisations comme la fondation Friedrich Ebert faisaient aussi campagne en ce sens depuis des années. "Le G20 est un acteur très important en ce qui concerne les crises financières, le futur de l'ordre international, il était donc important que le continent ait un siège, et pas seulement l'Afrique du Sud en tant que pays", expose le chef du département Afrique de cette fondation aujourd'hui, Henrik Maihack. 

Angela Merkel (au centre) et des dirigeants internatinaux, dont le président rwandais Paul Kagamé et celui de RDC Felix Tshisekedi, posent pour une photo sur des escaliers lors d'une réunion de l'initiative "Compact With Africa".
Lors de la présidence allemande du G20 en 2017, Angela Merkel avait lancé l'initiative "Compact with Africa", destinée à promouvoir l'investissement privé en AfriqueImage : Michele Tantussi/REUTERS

S'il ne croit pas non plus à des retombées économiques directes, il insiste lui aussi sur la symbolique de cette décision et sur ce qu'elle pourrait apporter en ce qui concerne la diplomatie. "Je pense que cela peut changer des choses. Prenons l'exemple de la crise des dettes, qui se pose dans plusieurs pays africains : on aurait besoin là de règles loyales, d'abandon d'une partie. Sur ce dossier, l'Union africaine pourra parler pour plus de pays que ne le ferait l'Afrique du Sud." 

Henrik Maihack rappelle aussi le rôle central du G20 pendant la pandémie de Covid-19. "On a vu à cette péridode le rôle qu'a joué le G20 dans cette politique des dettes. Et cela montre donc encore plus combien il est important que l'Afrique y soit représentée.

Des questions encore ouvertes

Reste à savoir si l'Union africaine sera en mesure de parler d'une même voix au nom de 55 Etats à la fois, très différents économiquement. "Ce n'est pas l'Union européenne qui a un politique commerciale commune. C'est pour cela que ce n'est qu'un premier pas, il faudra se demander ensuite quels pays africains peuvent devenir membres aussi, en tant qu'Etat. Mais c'est un premier pas qui prouve qu'on reconnaît enfin le poids de l'Afrique dans la politique mondiale", conclut Henrik Maihack.