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ConflitsMoyen-Orient

Les civils pris en étau dans le sud de la bande de Gaza

Sandrine Blanchard | Avec agences
5 décembre 2023

L'armée israélienne intensifie ses opérations et a pénétré dans un camp de réfugiés de Khan Younès. Le CICR parle de souffrances "intolérables" des civils.

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Bande de Gaza, une famille sur une charette tirée par un cheval dans une rue de Rafah dont les immeubles alentours sont démolis (photo du 1er décembre 2023)
Les Nations unies s'inquiètent de l'aggravation de la situation des civils de la bande de GazaImage : Ahmed Zakot/SOPA Images via ZUMA/dpa/picture alliance

L'armée israélienne intensifie ses opérations dans le sud de la bande de Gaza. Des témoins font encore état, depuis la nuit dernière, de violents combats aux alentours de la ville de Khan Younès, où se trouvent plusieurs camps de réfugiés. Des raids aériens ont aussi été signalés vers Rafah, ville-frontière avec l'Egypte, à l'extrême sud du territoire palestinien. 

"Attention : mort"

"Je ne peux pas parler… il y a eu des bombardements". C'est ce que murmure cet habitant de Khan Younès entre deux sanglots.

C'en est bel et bien fini de la trêve de la semaine dernière dans la bande de Gaza.

Presque toutes les vidéos d'agences de presse qui nous parviennent du sud de la bande de Gaza portent désormais la mention : "CONTENT WARNING: DEATH" ("Attention au contenu : mort").

Les morts et blessés se comptent au moins par milliers parmi les civils gazaouis. Pris en étau entre opérations terrestres et bombardements, ces Palestiniens sont obligés de fuir dans un territoire de plus en plus exigu, de plus en plus isolé du reste du monde : désormais, plus aucun service de communication ne fonctionne en raison d'une "coupure des principaux réseaux de fibres du côté israélien", d'après des informations fournies par le groupe de télécoms palestiniens Paltel.

Un enfant sur un brancard dans une pièce bondé, avec deux infirmiers en blouse verte, dans la clinique al-Naser de Khan Younès (photo du 5 décembre 2023)
Les services d'urgences de Khan Younès sont débordésImage : Ibraheem Abu Mustafa/REUTERS

Propagation de maladies infectieuses

Le médecin Mohammad Qandil dirige les services d'urgences du complexe médical al-Naser de Khan Younès. Il témoigne d'une "sécurité alimentaire dans les gouvernorats du sud [qui] est désastreuse". Il raconte que "les marchés manquent de produits alimentaires de base, même avoir de l'argent ne sert plus à rien car il est difficile de trouver de la nourriture, notamment les aliments pour bébés. L'eau potable est rare, alors les cas de grippes intestinales, d'infections de la poitrine, de maladies infectieuses et de maladies respiratoires se multiplient, chez les enfants comme chez les personnes âgées".

Les abris pris d'assaut

Richard Peeperkorn, le représentant de l'Organisation mondiale de la santé pour les territoires palestiniens occupés, brosse lui aussi un tableau sombre de la situation : "les abris de l'Onu sont complètement débordés et les abris de fortune sont tout aussi nombreux. Les cas de diarrhée sont 40 à 50 fois plus élevés qu'en temps normal. Nous avons constaté des cas de syndrome de jaunisse qui doivent faire l'objet d'une enquête rapide. Nous avons constaté des cas de gale, la présence de poux, etc."

Les réfugiés palestiniens du Liban tiraillés par la guerre

La présidente du CICR, qui s'est rendue sur place, dénonce les souffrances "intolérables" de la population. Quant à la Coordonnatrice humanitaire de l'Onu pour les Territoires palestiniens, Lynn Hastings, elle met en garde contre "un scénario encore plus infernal" pour les civils.

D'après les Nations unies, 1,8 millions de personnes, soit les trois quarts environ de la population totale de Gaza, ont déjà été déplacées par la guerre et beaucoup n'ont plus "nulle part où aller".

Pour rappel, en Israël, l'attaque terroriste menée le 7 octobre par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza a fait 1.200 morts, en majorité des civils, selon les autorités. C'est en représailles à cette attaque que l'Etat hébreu a lancé des opérations militaires contre le Hamas.

Quant à la chargée de l'aide humanitaire et des droits de l'Homme au sein du ministère allemand des Affaires étrangères, Luise Amtsberg, elle s'est envolée aujourd'hui pour un voyage de cinq jours qui la conduira en Israël, dans les territoires palestiniens puis en Jordanie. Avant son départ au Proche-Orient, elle a estimé qu'"Israël a le devoir de protéger sa population de souffrances supplémentaires infligées par des terroristes, dans le cadre défini par le droit international". Et que "le combat d'Israël contre le Hamas doit aller de pair avec la protection de la population civile de Gaza".