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Gaza: Dissensions en Europe sur la trêve humanitaire

Bob Barry | Avec agences
23 octobre 2023

L'Allemagne soutient l'aide aux civils mais craint qu'une trêve remette en cause le droit d'Israël à se défendre.

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A Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, une femme porte un seau et des enfants sont derrière elle, sur les ruines d'un bâtiment (photo du 22 octobre 2023)
L'Onu attire l'attention sur les besoins humanitaires dans la bande de Gaza Image : Said Khatib/AFP

Alors que la question d'un cessez-le-feu humanitaire au Proche-Orient doit être débattue, jeudi et vendredi, par les 27 membres de l'Union européenne, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a réclamé "plus d'aide, plus rapidement" pour la bande de Gaza, assiégée par l'armée israélienne.

Mais aujourd'hui plusieurs médias allemands ont rapporté des propos de la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, qui s'opposerait aux demandes de cessez-le-feu à des fins humanitaires pour la bande de Gaza. Lors d'une réunion avec ses homologues à Luxembourg, ce lundi [23.10.23], celle-ci a déclaré "la lutte contre le terrorisme est essentielle."

"Nous constatons que des attaques massives de roquettes continuent d'être menées contre Israël", a déclaré Annalena Baerbock. La cheffe de la diplomatie allemande estime qu'"il n'y aura de paix et de sécurité pour Israël et les Palestiniens que si le terrorisme est combattu."

Lors des commémorations de la guerre de 2014, trois combattants armés du Hamas, au visage masqué, vus de dos, à la frontière entre Israël et la bande de Gaza (archive de juillet 2023)
Le Hamas est considéré en Europe comme un groupe terroristeImage : picture alliance / ZUMAPRESS.com

Il y a deux jours, au Caire en Egypte, Annalena Baerbock affirmait que "la problématique de l'aide aux populations civiles était une question de vie ou de mort."  C'est pourquoi, dit-elle, l'Allemagne continue d'examiner en détail cette question.

Cessez-le-feu ou non

L'Union européenne discute ouvertement de l'opportunité de se joindre à la demande du secrétaire général de l'Onu, António Guterres, qui a appelé à un cessez-le-feu immédiat à des fins humanitaires. Pour l'instant, c'est le terme de "pause" qui est privilégié. Le chef de la diplomatie européenne estime qu'une "pause" des hostilités à Gaza est moins ambitieuse - donc plus accessible - qu'un véritable "cessez-le-feu"

"C'est une question d'extrême urgence", a déclaré le ministre irlandais des Affaires étrangères qui estime que "la perte de vies est d'une ampleur qui doit être stoppée". En résumé l'Allemagne estime donc qu'il faut une aide humanitaire, mais n'appuie pas la proposition d'un cessez-le-feu total, au nom de la lutte contre le terrorisme.

Les hôpitaux de Gaza débordés face à l’afflux de blessés

A Berlin, on craint qu'un cessez-le-feu puisse être interprété comme une remise en question du droit d'Israël à se défendre. La cheffe de la diplomatie allemande a ainsi déclaré : "Nous ne pouvons pas endiguer la catastrophe humanitaire si le terrorisme de Gaza continue de la sorte"

La ministre qui a toutefois précisé : "Permettez-moi donc de dire très clairement que l'aide humanitaire aux personnes dans le besoin est un impératif d'humanité. Bien sûr, nous devons tout faire pour qu'aucune de ces aides ne tombe entre les mains du Hamas".

Un nuage de fumée s'élève au-dessus d'une ville de la bande de Gaza bombardée par l'armée israélienne (23.10.23)
Tant que les bombardements continuent, il sera difficile d'acheminer l'aide humanitaire aux GazaouisImage : Ariel Schalit/AP/picture allianceIsr

De plus en plus de victimes

Les bombardements quotidiens de l'armée israélienne sur Gaza auraient fait plus de 5.000 morts, dont près de 2.000 enfants, selon les chiffres donnés par l'organisation islamiste Hamas.

L'attaque terroriste sur Israël, le 7 octobre, a causé la mort de 1.400 personnes selon les autorités israéliennes, la plupart étant des civils exécutés par les assaillants palestiniens.

Portrait de Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne, à la tribune devant le drapeau européen le 18 octobre 2023
Josep Borrell pointe l'urgence humanitaireImage : FREDERICK FLORIN/AFP

Face à l'urgence humanitaire dans la bande de Gaza, des vivres, de l'eau et des fournitures médicales doivent être autorisés plus rapidement et à grande échelle a déjà dit l'ONU. Une position que défend aussi Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne. 

"Nous, l'Union européenne, avons augmenté notre soutien aux files d'attente des camions qui attendent d'entrer. Ils doivent entrer et apporter les choses dont ils ont le plus grand besoin, en particulier le carburant nécessaire pour faire fonctionner, je le répète, la désalinisation. Ensuite, nous devons discuter du processus politique. Le processus de paix a été trop longtemps oublié. Les grandes puissances ont oublié la question palestinienne, pensant qu'elle allait être résolue seule ou qu'elle n'avait pas d'importance. Si, c'est important. Oui, nous devons continuer à y travailler".

Des responsables politiques de pays comme l'Espagne, la Belgique, les Pays-Bas et l'Irlande ont récemment aussi pris clairement position dans ce sens.

Des pays comme l'Autriche et la République tchèque ont en revanche adopté une position similaire à celle de l'Allemagne.

Pour Berlin "il est clair que les Israéliens et les Palestiniens ne peuvent vivre à long terme que dans la paix et la sécurité, à l'abri du terrorisme et de la souffrance humaine, avec une solution à deux Etats", a encore déclaré Annalena Baerbock ce matin.

Bob Barry Journaliste, présentateur et reporter au programme francophone de la Deutsche Welle@papegent