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En Guinée, le colonel Mamady Doumbouya devient général

Abdoulaye Sadio Diallo
24 janvier 2024

Selon la présidence guinéenne, les forces de défense et de sécurité ont exprimé cette volonté. Acteurs de la société civile et citoyens crient à la dictature.

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Le président de la transition guinéenne, Mamady Doumbouya lors de la célébration de la fête de l’indépendance à Bamako (22.09.2022)
Mamady Doumbouya a annoncé quitter le commandement du Groupement des forces spéciales qu'il a mis sur piedImage : uncredited/AP/picture alliance

La présidence de la République de Guinée évoque une promotion à titre exceptionnel pour le désormais ancien colonel.Mamadi Doumbouya a été élevé mardi (23.01.2024) au grade de général de corps d’armée.

Cette promotion, qui intervient dans un contexte sociopolitique tendu, ne passe pas inaperçue auprès des acteurs de la société guinéenne. Ibrahima Balaya Diallo est l‘un d’entre eux.

"Ce sont les putschistes aujourd’hui qui s’octroient des grades. On sait que pour avoir un grade dans l’armée, il faut avoir fait des formations, des stages ou avoir pris part même à des combats. Mais maintenant, là, on se le partage comme des biscuits. C’est malheureux pour le pays. Il aurait dû prendre l’exemple de Dadis (Moussa Dadis Camara, ancien chef d’Etat guinéen, ndlr), qui était resté définitivement capitaine."

Certains habitants de Conakry ne sont pas non plus surpris de la promotion du président de la transition guinéenne.

En effet, avant cela, certains cadres de l’armée comme l’ancien colonel Amara Camara, ministre secrétaire général à la présidence de la République, et Balla Samoura, haut commandant de la gendarmerie nationale, ont été promus, en octobre dernier, aux grades de généraux.

Devenir général, le rêve de tout militaire

Sekou Keita, rencontré dans les rues de la capitale, ne peut donc que constater cette nouvelle promotion.

"Chez nous, je pense que c’est factuel. Dans les régimes militaires, il arrive parfois que le chef lui aussi décide de profiter des privilèges du moment, de se grader, pour à la fois se faire respecter et parce qu’être général, c’est le rêve de tout militaire."

Le sujet d’Abdoulaye Sadio Diallo, le correspondant à Conakry

Pour Ibrahima Balaya Diallo, ces nominations au sein de l’armée ne sont pas innocentes. Selon lui, le CNRD, le Conseil national du rassemblement pour le développement, le nom que s’est attribué la junte, veut s'inspirer des dictateurs pour s’éterniser au pouvoir.

"Il est en train de suivre les pas de Paul Kagamé, étouffer les expressions, empêcher les gens de communiquer et pendant ce temps, s’appesantir sur des petites réalisations, gagner l’opinion publique. Mais on n’est pas dupe, aujourd’hui on sait que l’élan pris par le CNRD nous conduit au précipice."

La promotion du désormais général Mamadi Doumbouya n’est pas une première pour des présidents militaires guinéens. En effet, le colonel Lansana Conté, arrivé à la tête du pays en 1984 à la suite du décès du président Ahmed Sékou Touré, avait fini général à sa mort, au pouvoir, en 2008.

Abdoulaye Sadio Diallo Correspondant en Guinée pour le programme francophone de la Deutsche Welleasadio14