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Guinée : des écoles fermées, faute de carburant

8 janvier 2024

Depuis l'incendie qui a ravagé le principal dépôt de carburant du pays à Conakry, les véhicules de transport ont du mal à s'approvisionner en essence et en gazole.

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L'université Gamal Abdel Nasser de Conakry
La cour de l'université Gamal Abdel Nasser de Conakry est quasiment videImage : DW/B. Barry

Dans la capitale guinéenne, certains citoyens passent la nuit devant les stations-services pour espérer acheter quelques litres d'essence ou de gazoil disponibles. Conséquences : les habitants de Conakry ne peuvent plus se déplacer facilement, et cela dure depuis plus de 20 jours.

C'est dans ces conditions que les autorités ont décidé de prolonger une nouvelle fois d'une semaine, les vacances scolaires et universitaires de Noël, qui l'avaient déjà été, pour éviter des remous sociaux dans le pays.

La pression sociale monte 

Cela fera donc bientôt un mois que les élèves et les étudiants guinéens sont priés de rester à la maison. La mesure a pour but de ne pas faire subir à ceux-ci les effets néfastes de l'explosion du dépôt de carburant qui a fait voler en fumée des milliers de litres d'hydrocarbure. 

Car plus les jours passent, plus il est difficile de se déplacer à Conakry. Les rares véhicules de transports publics qui circulent ne peuvent pas faire face à la forte demande.

Mamadi Doumbouya, président de la transition en Guinée
Le chef de la junte Mamadi Doumbouya fait face à sa première crise sociale Image : John Wessels/AFP

La colère se fait sentir

Cette tension sociale que vit le pays pourrait s'aggraver lorsque les élèves et les étudiants reprendront les cours. Ibrahima Sory Condé, directeur national adjoint de l'alphabétisation, explique que la prolongation des vacances scolaires a pour but de garder l'équité entre les élèves et étudiants vivant à Conakry et ne pouvant suivre les cours et ceux des régions moins affectées par la pénurie de carburant.

"Le gouvernement attend que tout le pays soit approvisionné cette semaine, parce que si d'autres régions sont en avance sur le même programme scolaire, cela va paraître comme une inégalité entre les enfants d'un même pays. » Donc, c'est par souci d'équité qu'on a reporté et le calendrier des examens sera ajusté", selon M. Condé joint par la DW.

Un souci d'équité

Mais qui pourrait cacher pourtant les craintes d'une explosion sociale en perspective  Depuis quelques jours, des manifestations spontanées ont eu lieu dans maints endroits de la capitale, dont certaines ont été violemment réprimées par les forces de sécurité.

Des jeunes manifestants à Conakry
Des heurts éclatent souvent entre les jeunes et les forces de sécurité dans les banlieues de ConakryImage : CELLOU BINANI/AFP

Ce lundi, des jeunes des quartiers nord de la banlieue de Conakry sont à nouveau descendus dans la rue pour dénoncer le rationnement du carburant qui créé d'énormes problèmes de déplacement. Au micro de la DW, une habitante de Conakry, revient sur les difficultés de se déplacer dans la capitale guinéenne :

"J'ai vu des gens arrêtés pendant des heures à certains carrefours de la ville, sans pouvoir embarquer ». Ils ne pouvaient absolument rien faire que d'attendre. Il n'y a aucun véhicule qui passe. Ils sont garés faute de carburant. Certains passagers sont même retournés chez eux. Car seuls quelques véhicules circulent. En ce qui concerne les élèves, il y en a qui peuvent aller à pied à l'école parce que leur établissement scolaire est proche de leur habitation. Mais d'autres ne peuvent pas parce emprunter des cars rapides pour se rendre à l'école", explique-t-elle.

Depuis l'explosion du plus grand dépôt de carburant du pays dont on n'ignore toujours l'origine, les militaires au pouvoir sont dans une urgence absolue. 

Dans les stations-services, de longues files d’attente se forment partout et pour éviter la thésaurisation du précieux liquide, la distribution d’essence est désormais limitée à 25 litres pour les voitures et cinq litres pour les deux-roues et les tricycles. 

Enfin malgré les assurances données par les autorités, le prix du transport a grimpé tout comme celui des marchandises et des produits de première nécessité sur les marchés. Ce qui touche directement le pouvoir d'achat des familles.

Bob Barry Journaliste, présentateur et reporter au programme francophone de la Deutsche Welle@papegent