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Guinée : la junte au pouvoir dit non à la Cédéao

Bangaly Condé
26 avril 2022

L'ultimatum de la Cédéao à la Guinée pour proposer un chronogramme de la transition est arrivé à terme. Son rejet par la junte fait redouter de nouvelles sanctions.

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Une délégation de la Cédéao en visite à Conakry le 10 septembre 2021
Une délégation de la Cédéao en visite à Conakry le 10 septembre 2021Image : Präsidentschaft Guineas

Après près de huit mois au pouvoir, la junte au pouvoir en Guinée n’a pas présenté un calendrier pour le déroulement de la transition devant déboucher sur l’organisation des élections générales et  pour  rendre le pouvoir aux civils.

A défaut d'un chronogramme, les autorités militaires ont plutôt ouvert plusieurs dossiers judiciaires contre plusieurs personnalités de l’ancien régime du président Alpha Condé.  

Lutte contre la corruption

Ceux-ci défilent devant la cour de répression des infractions économiques et financières. Certains parmi eux ont été déférés à la prison centrale de Conakry. C’est le cas du tout dernier Premier ministre du gouvernement de Alpha Condé, Ibrahima Kassory Fofana et l’ancien tout puissant ministre de la Défense nationale, Mohamed Diané.

"La Cédéao s’est détourné de son objectif " (Ousmane Gaoual Diallo)

Pendant ce temps, la Cédéao exige à la junte de définir un chronogramme au risque de s’exposer à des sanctions. Après l’expiration de ce délai, le gouvernement guinéen n'a officiellement soumis aucun chronogramme.

"Chacun doit essayer de jouer son rôle. Je crois que depuis un certain temps la Cédéao s’est détournée de son objectifd’être une institution au service des populations. Elle apparaît aux yeux de l’opinion publique ouest-africaine comme une organisation au service de quelques chefs d’Etat. Et cela ne marchera pas", prévient Ousmane Gaoual Diallo, le porte-parole du gouvernement de transition.

Colère de la société civile

Cette sortie médiatique du ministre Ousmane Gaoual Diallo a irrité  le forum des forces vives qui regroupe plusieurs organisations de la société civile. Cette entité était en négociation avec l’institution sous-régionale afin de proroger l’ultimatum de deux semaines.  

Le président ghanén, Nana Akufo-Addo est le président en exercice de la Cédéao
Le président ghanén, Nana Akufo-Addo est le président en exercice de la CédéaoImage : Nipah Dennis/AFP

"Nous avons été estomaqués par la sortie du ministre, porte-parole du gouvernement qui se moquait absolument des conséquences que les sanctions de la Cédéao pouvaient avoir sur la vie des citoyens. Nous sommes dépassés. Cela nous a déçus. Nous avons constaté que cette souffrance des populations pourrait encore s’aggraver par rapport aux sanctions", réagit au micro de la DW Abdoullah Sacko, l’un des acteurs de la société civile qui juge l’intervention duporte-parole du gouvernement "inopportune".

Un chronogramme clair

Le colonel Mamady Doumbouya a pris le pouvoir suite à un putsch le 5 septembre 2021
Le colonel Mamady Doumbouya a pris le pouvoir suite à un putsch le 5 septembre 2021Image : John Wessels/AFP

Certains leaders politiques invitent la junte au pouvoir à sortir de son silence pour proposer un chronogramme clair et précis pour éviter à la Guinée des sanctions. Parmi eux, Diabati Doré, président du Rassemblement pour la République (RPR).

"Attendons de voir demain ou après-demain ce que la Cédéao va dire. Je pense que, quelle que soit la durée, le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) doit avoir le bon sens de faire une proposition. C’est à la Cédéao de voir si c’est faisable ou pas. Nous avons fait une proposition de 15 mois", affirme Diabati Doré.

Le cadre de concertation inclusif censé définir les orientations de la transition dont le chronogramme, ne fait pas encorel’unanimité. Plusieurs partis politiques ont boudé les travaux de cette instance. Ils réclament la mise en place d’un cadre de dialogue uniquement politique.