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Guinée : l'opposition de nouveau dans la rue

Bangaly Condé
10 décembre 2019

Le Front national pour la défense de la Constitution manifeste de nouveau contre Alpha Condé, malgré la libération de certains de ses membres. Le FNDC soupçonne le président de vouloir se maintenir au pouvoir.

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Guinea Anti-Regierungsdemonstration
Image : Getty Images/C. Binani

La libération des membres du Front national pour la défense de la constitution il y a quelques jours n’a apparemment pas entamé la détermination des opposants au projet de réforme de la constitution.

À Conakry, le FNDC espère mobiliser des milliers de personnes qui partiront du rond-point de la Tannerie pour rallier le stade du 28 septembre et le Gbessia Kondéboungni.

"Nous serons toujours dans les rues dans cet esprit constitutionnel qui est la manifestation. Parce que c’est la constitution qui nous le permet en son article 10", a déclaré à la DW, Oumar Sylla alias Fonike Mangue. Selon lui, "il est temps que le président Alpha Condé renonce à son projet de troisième mandat pour que les choses rentrent dans l’ordre et que les Guinéens puissent avoir, à partir de décembre 2020, un nouveau président démocratiquement élu".

 

Pour le référendum

Sans surprise, la Coalition démocratique pour la nouvelle constitution soutient la mouvance présidentielle dans le processus d’adoption d’une nouvelle constitution.

"Moi je pense que pour baisser la tension politique, il faut simplement que les uns et les autres sachent que s’ils ont leurs raisons, les autres aussi peuvent avoir les leurs", suggère le porte-parole de la CODENOC.

Des électeurs dans un bureau de vote de Conakry en 2015
Des électeurs dans un bureau de vote de Conakry en 2015Image : Getty Images/AFP/C. Binani

Selon Allouseny Makanera Kake, la seule alternative pour départager les deux tendances, c’est d’aller au référendum.

Il estime que "la politique c’est l’opposition des idées. Et si vous n’êtes pas d’accord, vous avez la possibilité de trouver une solution idoine [par la consultation populaire]."

 

L’implication des religieux

Dans ce contexte de fortes tensions, des leaders religieux ont décidé de s’impliquer, afin de tenter d’obtenir un retour au calme.

"L’islam n’aime pas le désordre et l’anarchie", signale l'analyste politique et islamologue Abdoul Karim Diallo. "Nous devons tous être autour d’une même table, discuter des problèmes de ce pays", conseille-t-il en appelant à l’unité "de tous les fils de la Guinée pour bâtir ensemble le pays. Nous sommes tous, fils de ce pays et nous sommes en train de détruire notre foi à cause de ces querelles. Parce que détester son frère est une grave chose", poursuit-il.

Abdoul Karim Diallo est pour le dialogue par la voie religieuse. "si vous voulez que votre foi soit correcte, vous devez vous aimer, vous pardonner et vous entraider. La religion n’aime pas la violence, mais aussi l’injustice", soutient-il.

 

Mission de bons offices

C’est dans ce contexte politique tendu que deux anciens chefs d’État d’Afrique de l’Ouest ont entamé lundi (09.12.) une mission de cinq jours à Conakry à l’initiative du National Democratic Institute (NDI) et la Fondation Kofi Annan.

L’ancien président du Nigeria Goodluck Jonathan a été dépêché à  Conakry par National Democratic Institute (NDI)
L’ancien président du Nigeria Goodluck Jonathan a été dépêché à Conakry par National Democratic Institute (NDI)Image : picture-alliance/United Archives/WHA

Il s’agit de l’ancien président béninois, Nicéphore Dieudonné Soglo et de son homologue du Nigeria, Goodluck Jonathan. Ils ont pour mission d’évaluer les préparatifs des élections législatives prévues pour février 2020 et tenter d’apaiser la tension perceptible avec le projet de nouvelle loi fondamentale que souhaite mettre en œuvre, le président Alpha Condé.

Les deux anciens présidents ont rencontré à Conakry, dès leur arrivée, des responsables des médias et plusieurs acteurs de la société civile guinéenne.