Le pouvoir des gangs à Haïti
18 octobre 2021Ils s'appellent "G9 et alliés", "400 Mawozo" ou encore "Baz Pilat" et "Nan Ti bwa" et ils font partie des dizaines de gangs qui règnent sur Haïti. Un rapport officiel commandé par les autorités haïtiennes l'été dernier recense pas moins de 162 groupes armés dans le pays, dont la moitié se trouvent à Port-au-Prince.
C'est le cas de 400 Mawazo, qui opère dans et autour de la capitale, en contrôlant notamment certains axes routiers. C'est ainsi, en détournant plusieurs véhicules, que le gang aurait kidnappé le groupe de missionnaires Nord-Américains samedi dernier (16.10) en périphérie de Port-au-Prince.
Viols et assassinats
"400 Mawazo est un gang notoirement violent", rappelle le Washington Post dans un article publié ce matin. "Il est craint partout pour se servir de viols et d'assassinats afin de maintenir son emprise sur les rues haïtiennes, mais aussi sur les commerces et les puissants." Le leader du groupe, Wilson Joseph, est recherché pour meurtre, vols de voitures et prises d'otages.
Au printemps dernier, 400 Mawazo avait exigé, selon une agence de presse haïtienne, 1 million de dollars pour la libération d'un groupe de religieux catholiques. Ils avaient été relâchés après 20 jours de séquestration, sans que l'on sache si une rançon a été payée.
En tout, au moins 328 personnes ont été kidnappées sur les huit premiers mois de l'année par les groupes armés, quasiment 100 de plus que pour toute l'année 2020. C'est ce qui ressort d'un rapport de la BINUH, le bureau de l'Onu à Haïti. Mais il fait peu de doutes que les chiffres réels, comme le rappellent les ONG, sont encore plus graves, puisque tous les enlèvements ne sont pas signalés.
Connivence avec le pouvoir
Sur ces derniers mois, 400 Mawazo serait responsable de la grande majorité des kidnappings.
L'insécurité fait partie du quotidien des Haïtiens, d'autant plus depuis l'assassinat en juillet du président Jovénal Moise, rendant l'absence d'une quelconque autorité de l'Etat encore plus dramatique. La nature a horreur du vide, et ce vide, est occupé par les gangs, dont l'influence grandit.
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L'emprise des gangs est telle, que selon un rapport du Réseau national de défense des droits humains à Haïti, "les bandes criminelles reçoivent régulièrement des sommes d'argent exorbitantes et de l'équipement de la part du secteur privé mais aussi des autorités pour qu'ils interviennent en faveur des personnes en difficulté". De l'argent qui permet aux leaders des gangs d'être à la fois bourreau et sauveur de la population.