Immigration illégale : Londres sous le feu des critiques
8 mars 2023"Les Britanniques en ont assez (...) Ce n'est pas raciste de dire que nous avons trop de migrants illégaux qui abusent de notre système d'asile", a déclaré la ministre de l'Intérieur, Suella Braverman, dans une tribune publiée ce mercredi 8 mars dans le Daily Mail.
La veille, devant les parlementaires, elle exposait ainsi son projet de loi : désormais, toute personne qui entre illégalement sur le territoire du Royaume-Uni sera soit emprisonnée soit expulsée. Expulsée vers son pays d'origine si la situation sécuritaire le permet ou vers un pays tiers comme par exemple le Rwanda.
Une priorité qui ne date pas d'hier
Le Rwanda avec qui le Royaume-Uni avait déjà passé un accord l'an dernier. C'était du temps encore de Boris Johnson, le prédécesseur de Rishi Sunak. Sauf qu'aucun avion n'avait finalement pu décoller en direction de Kigali, la Cour européenne des droits de l'Homme étant intervenue juste à temps pour réclamer un examen approfondi de la politique britannique.
Entretemps cependant, le nombre d'arrivées illégales a continué d'augmenter mettant l'actuel gouvernement sous pression : si en 2018, ils étaient moins de 300 migrants à avoir traversé la Manche, en 2021, ils étaient 30.000 et l'an dernier, plus de 45.000.
Les principales mesures
Le texte présenté hier rend de fait inaccessible l'asile aux migrants arrivés illégalement par la Manche : il prévoit leur expulsion rapide. Il leur interdit de demander l'asile et, ultérieurement, de s'installer au Royaume-Uni ou de demander la nationalité britannique.
Il facilite aussi leur détention jusqu'à leur expulsion vers un pays tiers jugé sûr. Alors certes, Londres promet de développer des "voies sûres et légales" mais, pour le moment, aucun détail n'a filtré à ce sujet. Le Parlement britannique fixera lui, chaque année, un quota de réfugiés autorisés à s'installer dans le pays.
Un projet conforme aux obligations de Londres ?
Si les défenseurs du projet de loi estiment que le texte est "robuste" et "novateur", pour les associations d'aide aux réfugiés, il est tout simplement contraire aux droit international. De son côté, Volker Türk, le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, s'est dit ce mercredi "profondément inquiet" tandis que la veille, son collègue chargé des réfugiés avait accusé Londres de vouloir "mettre fin au droit d'asile".
D'autres défenseurs des droits de l'Homme attirent aussi l'attention sur le fait que le Rwanda, par exemple, ne peut pas être considéré comme un pays sûr. À noter que dans une lettre rattachée au projet de loi, le gouvernement britannique lui-même reconnaît ne pas pouvoir confirmer totalement que le texte actuel respecte la Convention européenne sur les droits de l'Homme.
Rishi Sunak est attendu vendredi en France pour rencontrer le président français Emmanuel Macron, quelques mois après la signature d'un accord bilatéral visant à renforcer leur coopération dans la lutte contre l'immigration clandestine.