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EconomieSénégal

Extraction pétrolière : impact économique limité au Sénégal

Kate Hairsine
19 juillet 2024

La mise en service du site d'extraction de Sangomar devrait aider l'économie sénégalaise, mais les experts mettent en garde contre des attentes trop hautes.

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Une installation d'extraction de pétrole
Le site de Sangomar, à environ 100 km au sud de Dakar, contient du pétrole et du gazImage : Patrick Pleul/dpa-Zentralbild/picture alliance

Début juin débutait l'extraction de pétrole sur le champ de Sangomar, au large des côtes du Sénégal. Une première pour le pays.  Un site de gaz naturel liquéfié offshore, Grand Tortue Ahmeyim, situé entre le Sénégal et la Mauritanie, doit par ailleurs entrer en production au troisième trimestre.

"C'est une nouvelle ère pour notre pays", disait récemment le patron de Petrosen, la société publique chargée de l'énergie au Sénégal. Une affrimation juste, puisque Dakar ne produisait pas de pétrole jusqu'ici. Mais la production de Sangomar reste modeste : on vise 100.000 barils par jour, contre, par exemple, 1,2 million par jour sur certains sites au Nigeria.

Il ne faut donc pas trop attendre des retombées économiques, insiste les experts. "Selon des données récentes du FMI, je pense que ces revenus devraient améliorer les perspectives économiques du Sénégal à court et moyen terme, mais leur contribution à l'ensemble de l'économie devrait rester relativement limitée", explique  Papa Daouda Diene, analyste économique pour un groupe de réflexion basé aux Etats-Unis. "Ils parlent de moins de 5% du PIB total. Il est donc clair que ces ressources ne peuvent pas à elles seules transformer le Sénégal en Dubaï."

Demande en baisse

Les experts les plus optimistes disent tout de même que l'argent du pétrole pourrait aider à lancer des transformations structurelles au Sénégal. Mais pas plus. D'autant que l'Europe, où le Sénégal veut exporter la majorité de son pétrole et de son gaz, est en pleine transformation, cherchant à sortir des énergies fossiles. Tous les experts misent sur une baisse de la demande dans les années à venir.

Une centrale solaire à Madrigalejo, en Espagne
Signe du changement d'époque, dans le sud de l'Espagne, des kilomètres d'installations photovoltaïques produisent de l'électricité en quantité Image : M. Woike/blickwinkel/picture alliance

"Il est clair que l'âge d'or du gaz est terminé", confirme Mats Marquardt, analyste des politiques climatiques au New Climate Institute, un groupe de réflexion basé en Allemagne. "L'Agence internationale de l'énergie insiste beaucoup sur ce point et, dans ces conditions, il est évident que l'analyse de rentabilité des exportations de combustibles fossiles doit également être étudiée de près aujourd'hui."

Des mises en garde que partagent de nombreux experts. "Attention à ce que le Sénégal ne mise pas que sur ce secteur pour l'avenir", insistent certains d'entre eux. L'économiste tunisien Fadhel Kaboub, membre d'un groupe d'experts sur la transition juste et le développement, va même plus loin et estime que Dakar fait une erreur stratégique. "Ils doublent les investissements dans des technologies obsolètes, des actifs échoués coûteux et malsains, et laissent le reste du monde se lancer dans l'industrialisation verte et la décarbonisation", déplore-t-il. Et d'insister : l'Afrique pourrait déjà largement produire toute l'énergie dont elle a besoin avec les énergies vertes existantes.

En attendant, le Fond monétaire international (FMI) prévoit une croissance de plus de 8% en 2024 au Sénégal, en partie grâce au pétrole et au gaz.