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Encore des inondations en Afrique de l'Est

18 avril 2024

Des centaines de milliers de sinistrés ont besoin d'aide après des crues historiques qui ont fait de nombreuses victimes au Kenya, en Tanzanie, dans les deux Congo, au Burundi...

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Kenia Mombasa 2023 | Überschwemmungen
Image : REUTERS

Tandis que le Sahel est confronté à une importante vague de chaleur, les intempéries ont causé de gros dégâts en Afrique de l'Est. Au Kenya, en Tanzanie, dans les deux Congo, au Burundi… des centaines de milliers de sinistrés ont dû quitter leurs maisons inondées. Les dégâts matériels sont considérables et de plus en plus de personnes ont besoin d'une assistance humanitaire. Les inondations ont fait aussi plusieurs dizaines de morts depuis début avril.

Kinshasa inondée, la faute aux déchets ?

De très gros dégâts, des besoins énormes

En Tanzanie, au moins 58 personnes sont mortes en deux semaines. Le gouvernement prévoit la construction de 14 digues pour limiter les dommages lors des prochaines crues.

La RDC et la République du Congo ont connu en début d'année les pires crues depuis 60 ans, selon l'Unicef. Dans plusieurs départements, l'eau commence à décroître et laisse voir l'ampleur des dégâts. Les besoins sont énormes, pour reconstruire les écoles, rescolariser les enfants, apporter les soins médicaux nécessaires aux sinistrés.

Au Kenya, les pluies torrentielles ont causé la mort de 13 personnes ces dernières semaines. La semaine dernière, les passagers d'un bus ont dû être secourus, piégés par les eaux. Ces habitants de Busia, à la frontière avec l'Ouganda, témoignent des pertes qu'ils ont subies :

"Les crues ont tout détruit. Les gens n'ont plus d'endroit où aller. Certaines maisons ont été démolies. On ne voit même plus la différence entre la route et les rizières. Tout a été détruit", explique Tabitha Njeri.

A Mombasa, en 2023 : un homme porte une femme dans une rue, avec de l'eau jusqu'aux cuisses et sous un parapluie pour se protéger de la pluie battante (photo du 17 novembre 2023)
Les crues détruisent tout sur leur passage et quand l'eau se retire, il reste beaucoup à faireImage : REUTERS

Willis Omulo, raconte que de nombreuses "personnes ont été déplacées, elles n'ont plus de maison, plus de toit au-dessus de la tête, leurs champs ont été inondés. Et puis les animaux sauvages causent des problèmes : les hippopotames viennent dans les zones haabitées et saccagent les cultures car leurs pâturages ont été inondés. C'est une vraie source d'inasécurité pour la population."

(Dans l'Ouest, Duncan, Onyango, un habitant de Kakola-Omabaka, a perdu les animaux de son élevage : "Même ma maison est détruite, et c'est la cinquième fois que je la reconstruis. Je ne sais pas quoi faire. C'est un problème qui revient chaque année quand il pleut".

Le Burundi parmi les plus vulnérables

Mais le Burundi compte parmi les pays les plus vulnérables. Hier [17.04.24], le gouvernement burundais et la représentante des Nations unies à Gitega ont lancé un appel à l'aide.

Les pluies saisonnières ont déjà causé le déplacement de près de 100.000 déplacés, principalement à Gatumba, dans la province de Bujumbura. Les maisons, les écoles, les hôpitaux sont sous les eaux. Des routes et des ponts ont été détruits.  

Le gouverneur a demandé aux habitants de se faire enregistrer pour procéder aux évacuations, mais de nombreux sinistrés sont mécontents : ils réclament des digues pour ne pas être évacués chaque année, inondation après inondation. Et l'opposition demande au gouvernement du président Evariste Ndayishimiye de déclarer un état de catastrophe naturelle ou l'état d'urgence.

Alerte précoce insuffisante

La Protection civile alerte que le niveau du lac Tanganyika – le deuxième plus grand d'Afrique – n'est plus qu'à 36 cm de la crue record de 1964. Les eaux ont dépassé, au 12 avril, 777 mètres au-dessus du niveau de la mer. Le Burundi est considéré comme l'un des vingt pays les plus pays vulnérables au changement climatique au monde.

Inondations à Gatumba, au Burundi: un jeune homme pousse un vélo dans une rue inondée. En arrière-fond, une église (archive de 2021)
Les habitants de Gatumba en ont assez des inondations récurrentes (ici: en 2021)Image : Antéditeste Niragira/DW

Cette année, les intempéries ont été aggravées par le phénomène El Niño. Selon les météorologues, les précipitations devraient rester "sensiblement au-dessus de la normale" au moins jusqu'en mai.

De nombreux habitants réclament aussi de meilleurs systèmes de prévision et d'alerte précoce. Aux Etats-Unis ou à Dubaï, par exemple, où les phénomènes climatiques deviennent aussi plus fréquents, ces mécanismes fonctionnent et permettent aux civils de prendre leurs précautions à temps, de se mettre à l'abri, et le nombre de victimes mortelles diminue.