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"Je suis prêt à diriger le Burkina Faso"

29 juillet 2020

Le Pr. Abdoulaye Soma fait partie des candidats investis à la présidentielle de novembre au Burkina Faso. Dans cet entretien accordé à la DW, il évoque entre autres la tenue du scrutin dans un contexte d’insécurité.

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Soma Abdoulaye, candidat à l'élection présidentielle au Burkina
Soma Abdoulaye, candidat à l'élection présidentielle au BurkinaImage : Sleil d'avenir

DW : Abdoulaye Soma, vous êtes candidat à la prochaine élection présidentielle au Burkina Faso en novembre. Qu'est ce qui justifie votre choix de vous porter candidat à la magistrature suprême de votre pays ?

Abdoulaye Soma : Tous les Burkinabè ont conscience qu'il faut un changement générationnel des acteurs politiques au Burkina Faso. Il faut un changement des méthodes politiques au Burkina Faso. Les divisions politiques sont moins axées sur les idées et les idéologies que sur des inimitiés entre les personnes. Aujourd’hui, il est un acteur politique, un leader politique qui soit extérieur à cette classe politique qui récupère le pouvoir présidentiel et qui puisse être capable d'asseoir tout le monde autour de la table pour porter un projet de réconciliation nationale. Et c'est la seule condition à laquelle le développement du Burkina Faso et la stabilité du Burkina Faso peuvent être débloqués. Voilà pourquoi je présente ma candidature parce que je suis dans ce profil.

C'est une élection présidentielle qui va se tenir dans un contexte délicat de sécurité. Pensez-vous qu'il faut aller aux élections en dépit de toutes ces difficultés ?

Tant que c'était un ancien acteur politique que nous choisirons, les raisons invoquées pour le terrorisme, les raisons connues, les raisons publiées ne peuvent pas disparaître. Donc la réponse à la crise sécuritaire au Burkina Faso résulte dans le choix d'un acteur politique, d'un leader politique à la présidence de la République qui soit capable de rassembler parce que notre terrorisme vient aussi des marginalisations, des stigmatisations, des discriminations et des exclusions politiques. L'Etat lui-même, l'administration publique et l'administration électorale ont clairement communiqué qu'elles ne peuvent pas aller faire l'enrôlement dans certains endroits des provinces entières et qu'alors, il n'y aura pas de bureau de vote du tout dans ces provinces. Il faut que nous nous asseyions, que nous discutons de ces problèmes et que nous ayons une option de validation de ces élections dans la normalité. Il faut donc trouver un consensus national. J'appelle officiellement à des concertations politiques des acteurs politiques pour former un consensus national sur la gestion des questions liées aux élections telles qu'elles sont compromises par la crise sécuritaire.

On connaissait quelque peu proche de l'ex président de la transition qui, après est devenu le premier ministre, Yacouba Isaac Zida, candidat également à la prochaine élection présidentielle – même s’il est toujours exilé au Canada. Pourquoi ne formez-vous pas un tandem avec lui ?  Qu'est ce qui s'est passé entre temps ?

Il ne s’est rien passé. J'ai eu avec lui des rapports normaux d'un Burkinabé à un Burkinabè. Dans le cas de la transition, on demandait à tous les Burkinabè de venir mettre dans le panier national ce qu'ils ont comme compétences et connaissances pour sauver la nation. Et nous avons travaillé dans ce sens, lui aussi s’est offert de sa personne. Et moi aussi, j'ai offert de ma personne technique pour gérer la situation qu'on a eu à gérer et heureusement, on s'en est sorti. Après cela, nous n'avons pas eu de rapports privilégiés au-delà de cette collaboration institutionnelle. Et j'ai prévenu. J'ai donné des interviews depuis 2011 pour dire que je suis dans un schéma politique. Je vais faire l'élection présidentielle, mais que je n'étais pas prêt, que j’allais me préparer à aller aux élections. Une coalition ou une convention avec lui ne me dérangerait pas parce que j'ai dit aussi que j'ai le profil qui me permet de parler avec n'importe quel leader politique au Burkina Faso et de collaborer avec n'importe quel parti politique au Burkina Faso tant que la ligne de collaboration est l'intérêt supérieur de la nation burkinabè.

On estime que vous, par exemple, professeur d'université, intellectuel de haut rang, vous êtes plus technocrate qu'une personne aguerrie aux réalités du terrain politique. Quel commentaire faites-vous à ce sujet ?

Platon disait qu'il faut que les rois soient philosophes et que les philosophes soient des rois. Ça veut dire simplement que celui qui connaît, c'est mieux qu'il soit celui qui décide. Et personne ne conteste aujourd'hui au Burkina Faso ou dans le monde que je connais le droit de la gestion de l'Etat. Je suis spécialiste du droit constitutionnel, du droit international dont je sais comment on gère un Etat. Je sais comment il fonctionne à l'intérieur et je sais comment on positionne un Etat sur le plan international.

Personne ne conteste que j’aie les savoirs théoriques et vous venez de souligner aussi que j'ai une certaine connaissance pratique de l'Etat. J'ai été impliqué dans la gestion de l'Etat, aux temps les plus chauds et aux degrés les plus élevés au Burkina Faso, notamment sous la phase de transition. J’'étais dans l'équipe qui présidait le Burkina Faso et dans la transition, j'étais conseiller spécial du premier ministre qui était en fait la personnalité et l'institution la plus puissante de la transition. Je connais l'état de fond en comble, en théorie comme en pratique. Et je pense qu'avec cela, je dois me proposer à la conquête du pouvoir.

Merci M. Abdoulaye Soma pour cette interview accordée à la DW.

Merci à vous et à la Deutsche Welle. 

Ecoutez ci-dessous l'interview en audio :

"La réponse à la crise sécuritaire résulte dans le choix d'un leader politique capable de rassembler"(Soma Abdoulaye)