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Cameroun : les jeunes encore trop marginalisés en politique

Elisabeth Asen
12 août 2022

Au Cameroun la solidarité intergénérationnelle semble un mot encore vide de sens notamment sur le plan politique.

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Des jeunes participent à un meeting.
La Journée internationale de la jeunesse à pour thème cette année "solidarité intergénérationnelle : créer un monde pour tous les âges".Image : Boniface Muthoni/SOPA Images/ZUMAPRESS.com/picture alliance

La Journée internationale de la jeunesse qui est célébrée le 12 août à pour thème cette année "solidarité intergénérationnelle : créer un monde pour tous les âges". Mais dans des pays comme le Cameroun cette solidarité intergénérationnelle ne semble pas encore être une réalité notamment sur le plan politique avec un président âgé de 89 ans, au pouvoir depuis quatre décennies. A ceci s'ajoute une classe politique dominée par des hommes âgés qui semble peu enclins à laisser leur place aux jeunes et encore moins aux jeunes femmes. La prise de décision est considérée comme la propriété exclusive des personnes d'un certain âge, écartant ainsi les jeunes qui constituent statistiquement le groupe majoritaire de la population. Une situation que dénonce Michèle Gaëlle Abe, présidente de la fondation Conseil jeunes.   

Des soldats défilent avec leurs armes.
Beaucoup de jeunes sont enrôlés dans l'armée.Image : Kepseu/Xinhua/picture alliance

"Même dans l'imaginaire, la place qu'on donne aux jeunes n'est pas une place centrale. C'est encore de la figuration, une sorte d'antichambre de la politique pour qu'ils attendent. Et le refus de ces vieux de céder la place s'explique par le fait que la politique au Cameroun ce sont beaucoup de dividendes. Et donc céder sa place signifierait perdre une part du gâteau" explique t-il.

 A 35 ans, Michèle Gaëlle Abe, comme de nombreux autres jeunes, s'oppose au statu quo de la gérontocratie camerounaise.

Une implication tardive

Cédric Kenfack Tiogo est artiste dessinateur. Militant pour la bonne gouvernance, des droits de l'homme et de la paix, il déplore notamment le manque de jeunes au sein de l'Assemblée nationale.

"Selon la loi camerounaise, à 18 ans, on est assez mûr pour s'enrôler dans l'armée mais on n'est pas assez mûr malheureusement pour voter, l'âge de vote c'est 21 ans" déplore t'il  avant de préciser que cela retarde l'implication des jeunes dans la chose politique. "Nous avons certains jeunes à l'Assemblée nationale mais de façon réelle, sur le terrain, à quoi servent-ils ? Malheureusement, le nombre est tellement marginal qu'ils en sont réduits à nous servir au quotidien des selfies" regrette Cédric Kenfack Tiogo.  

L'Assemblée nationale compte 180 députés dont un tiers sont des femmes. Le plus jeune député a 34 ans et la majorité des représentants sont âgés.

Ecoutez les précisions d'Elisabeth Asen

Faire ses preuves

Rolande Ngo Issi, députée du Parti camerounais pour la réconciliation nationale, est âgée de 41 ans et elle estime pour sa part que les jeunes doivent travailler dur pour mériter leur place.

"Ce que je vais dire en tant que femme politique, c'est que ce n'est facile nulle part. Il faut que la jeune génération fasse ses preuves, qu'elle prouve qu'elle est à la hauteur de remplacer ceux qui nous ont précédés. Mais je me dis qu'il y a cet espoir que beaucoup de choses pourront s'améliorer et qu'on pourra travailler main dans la main. Encore que pour être plus fort, il faudrait que les deux générations se mettent ensemble" explique à la DW la députée.

Par ailleurs, la décentralisation offre une meilleure chance aux jeunes au niveau local, où le jeu politique est un peu plus ouvert. Ceux-ci pourraient alors trouver plus facilement leur place et mieux participer au processus de décision politique.