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Que cache l'appel de Roch Kaboré contre les djihadistes ?

10 juin 2021

Le président burkinabè prône la mutualisation des forces africaines contre le terrorisme. Pourtant, le Burkina Faso tout comme ses voisins du Sahel, sont appuyés par les forces internationales, notamment françaises.

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Le président du Burkina Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a estimé que les Africains devaient "se ressaisir" et s'unir pour lutter contre les jihadistes.
Le président du Burkina Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a estimé que les Africains devaient "se ressaisir" et s'unir pour lutter contre les jihadistes. Image : Reuters/J. Penney

À l'issue d'une rencontre à Ouagadougou entre le président burkinabè, Roch Marc Christian Kaboré, et son homologue ghanéen Nana Akufo-Addo, le chef de l’Etat du Burkina Faso a déclaré que personne en dehors des Africains ne viendra les “sauver dans la lutte contre le terrorisme". 

Dans sa déclaration mercredi (09.06.2021), il a appelé les pays africains à se ressaisir et s'unir pour contrer les djihadistes qui déstabilisent la région ouest-africaine.

Compter sur ses propres forces

Pour l'analyste politique burkinabè, Maixent Somé, le message du président Roch Marc Christian Kaboré est clair : les pays de la région ne peuvent compter que sur leurs propres forces. 

La France déploie quelque 5.100 soldats contre les jihadistes affiliés au groupe Etat islamique (EI) et à Al-Qaïda dans le Sahel.
La France déploie quelque 5.100 soldats contre les jihadistes affiliés au groupe Etat islamique (EI) et à Al-Qaïda dans le Sahel.Image : Reuters/P. Wojazer

“Pour lui, c’est une évidence. On ne peut pas laisser chaque pays se défendre comme il peut avec l’aide de la France. Or nos pays sont si dépendants que si vous avez un foyer terroriste au Mali, au Burkina ou au Niger, vous êtes sûr que tôt ou tard, ça va déborder sur les pays côtiers. D’autant plus que cela permet de faire la jonction avec la piraterie dans le golfe de Guinée”, constate Maixent Somé. 

Malgré l’appui des forces internationales, notamment françaises, la situation sécuritaire ne s'améliore toujours pas dans le Sahel. 

Au moins 160 personnes ont été massacrées dans la nuit du vendredi à samedi 5 juin dernier dans le village de Solhan, situé dans le nord-est du Burkina-Faso. 

“Une implication plus forte des forces sous-régionales aurait davantage galvanisé les troupes sur le terrain, aurait aidé à aller de l’avant et peut-être aussi les aurait aidés à davantage négocier avec les populations sur la meilleure façon de les protéger. Je le dis parce que, ce que l’on observe actuellement avec la France et les autres pays, est qu’ils pensent qu'une guerre technologique, une guerre avec les drones, peut faire gagner cette bataille. Or cette bataille est loin d’être gagnée. Il faut qu’on revienne en Afrique de l’Ouest”, a estimé Mahamadou Kane, politologue et universitaire, les drones seuls ne peuvent gagner la guerre. 

Le rôle de la Cédéao

Les forces de sécurité peinent à enrayer la spirale de violences jihadistes qui ont fait depuis 2015 plus de 1.400 morts et déplacé plus d'un million de personnes.
Les forces de sécurité peinent à enrayer la spirale de violences jihadistes qui ont fait depuis 2015 plus de 1.400 morts et déplacé plus d'un million de personnes.Image : Sia Kambou/AFP

Le politologue et universitaire Mahamadou Kane fait allusion à un leadership de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest dans la lutte contre le terrorisme

Mais l’analyste Maixent Somé n’y croit pas. Ce travail aurait dû être mené avec la puissance sous-régionale, le Nigeria, mais celui-ci peine à enrayer le terrorisme sur son territoire.  

“Le Niger est tenaillé par le GSIM et Aqmi d’un côté et par Boko Haram du côté du Lac Tchad. Le Nigeria est lui-même empêtré et c’est ça qui doit faire réfléchir”, a déploré Maixent Somé.

Les faiblesses militaires des pays de la Cédéao conjuguées au caractère transnational du terrorisme imposent pourtant une coopération entre les Etats. 

Mais l’organisation sous-régionale ne parvient pas à faire face au terrorisme. De même que la structure dédiée voulue par la France qu’est le G5 Sahel. Elle non plus n’y est pas encore parvenue.