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De nouvelles manifestations prévues au Kenya

22 juillet 2024

Le président William Ruto a "promis de mettre fin" à ces manifestations antigouvernementales qui "risquent de détruire le pays" mais cela n'entame pas la volonté des jeunes manifestants à poursuivre leur mouvement.

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Image : TONY KARUMBA/AFP/Getty Images

Selon plusieurs organisations de défense des droits humains, depuis le 25 juin, au moins 50 personnes ont été tuées lors des manifestations. Pourtant, jusque-là, le Kenya jouissait d'une bonne réputation en matière de l’Etat de droit, contrairement à ses voisins. 

Dans les rues, des manifestants réclament la démission du président. Les violences policières et les dizaines de morts ne les dissuadent pas. L'étincelle qui a mis le feu aux poudres a eu lieu le 13 juin, lorsque le gouvernement du président William Ruto a présenté une nouvelle loi fiscale qui devait entrer en vigueur début juillet. 

Celle-ci prévoyait d'augmenter les taxes sur le pain, l'huile de cuisson, les produits d'hygiène pour les femmes, les voitures, les frais bancaires et le mobile money. 

Le 25 juin, des centaines de personnes descendent dans la rue et mettent le feu au bâtiment du Parlement à Nairobi. La police intervient et tire à balles réelles sur des manifestants pacifiques. Trente-neuf manifestants sont tués, selon les chiffres avancés par plusieurs ONG de défense des droits de l'Homme.

La Gen Z dans la rue

"C'est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase", explique Stefan Schott, le chef de projet pour l'Afrique de l'Est à la Fondation Friedrich Naumann, à Nairobi, proche du parti libéral allemand. Pour lui, "la police a réagi très brutalement et a tiré à balles réelles depuis les toits, y compris sur des manifestants pacifiques."

Entre-temps, le mouvement se radicalise et les protestations visent directement le gouvernement et le président. Les jeunes manifestants réclament des réformes fondamentales. 

"Nous disons non à la mauvaise gouvernance", crie Claudia Wairigia dans les rues de Nairobi le 16 juillet.

Nairobi lors des manifestations anti-gouvernementales
Des forces de l'ordre surveillent le moindre mouvement de contestation à NairobiImage : Thomas Mukoya/REUTERS

Comme de nombreux manifestants, elle fait partie des moins de 30 ans de l'ONG - la Gen Z. "Pour que nos enfants ne portent pas le fardeau que nous devons supporter à cause du chômage et de la corruption !"

L'avocat Stephen Mbugua veut s'assurer qu'aucun manifestant ne soit mis en garde à vue. Pour lui, "il est temps de se défendre et de défendre l'état de droit". 

Violences policières à Nairobi

A Nairobi, "la police est entrée dans les maisons et a lancé des gaz lacrymogènes sur les femmes et les enfants", raconte l’activiste Phyllis Omido. Elle-même se trouvait à l'étranger à ce moment-là et a appris qu'elle était recherchée pour être arrêtée. 

On lui reproche d'avoir été l'instigatrice de la violence dans la communauté. Entre-temps, celle-ci est retournée au Kenya. Phyllis Omido insiste sur le fait que la Constitution kényane donne aux citoyens le droit de participer à la prise de décision collective.

"Malheureusement, la plupart des responsables ne se sont pas encore conformés à la nouvelle Constitution. Ils sont encore coincés dans l'ancien temps, quand le Kenya était une dictature."

La crise actuelle n'épargne pas les médias. Le Kenya dispose certes encore d'une presse libre et dynamique, mais les médias sont soumis à une pression considérable. Il s'agit en partie de pressions économiques qui proviennent du budget publicitaire du gouvernement, une source de revenus importante utilisée pour influencer les reportages.

Manifestation de journalistes à Nairobi
Des journalistes manifestent contre l'usage disportionné de la force par les services de sécuritéImage : James Wakibia/SOPA Images/ZUMA Press Wire/picture alliance

La violence touche aussi les journalistes

Mais désormais, les cas de violence policière directe visant les journalistes se multiplient : une journaliste de la chaîne de télévision K24 a ainsi reçu deux balles dans la jambe. De nombreux collaborateurs des médias ont aussi été arrêtés.

Au Kenya, la violence policière n'est certes pas nouvelle, elle a même "une certaine tradition" qui remonte au temps du président Daniel Arap Moi, dans les années 1990, mais de nombreux jeunes manifestants ne veulent pas que leur pays s'effondre. 

Malgré la violence policière, la seule arme que les jeunes manifestants disent disposer est d'aller voter et de mettre fin au pouvoir de William Ruto, alors que celui-ci tente de faire des concessions aux protestataires.

Après avoir retiré la loi fiscale et limogé la quasi-totalité de son cabinet, ainsi que le procureur général, le président kényan aspire à un "gouvernement d'unité nationale" pour arrêter le mouvement de contestation. Mais il n’est pas certain qu'il y parvienne.