La construction du Mur de Berlin
11 août 2011C'est la surprise générale en cette nuit du 12 au 13 août 1961 : près de 15 000 membres des forces armées de RDA, la République démocratique allemande, bloquent les rues et les voies ferrées qui mènent à Berlin-Ouest. Des troupes soviétiques se tiennent prêtes au combat et se massent aux postes frontières des Alliés.
Une ville divisée
Depuis 1945, Berlin est une ville divisée en quatre secteurs d'occupation – quatre secteurs qui correspondent aux quatre grandes puissances alliées contre Adolf Hitler au cours de la Seconde Guerre mondiale: les Etats-Unis, l'Union soviétique, la Grande-Bretagne et la France. Le secteur soviétique est devenu entre-temps « Berlin, capitale de la RDA », à l'Est. Deux mois seulement avant la construction du Mur, Walter Ulbricht, président du Conseil d'Etat, alors l'homme fort de RDA, assure qu'il n'est pas question d'ériger ce qu'il appellera peu de temps après une "protection antifasciste":
"Je n'ai pas connaissance d'un tel projet, car les maçons de la capitale sont principalement occupés à construire des logements et y consacrent toute leur force de travail. Personne n'a l'intention de construire un mur."
Le Mur de Berlin, c'est tout d'abord, en ce 13 août 1961, un rideau de fils barbelés qui entoure les trois secteurs occidentaux. Le « mur » à proprement parlé verra le jour quelque temps après, en béton, sur une longueur de 155 kilomètres autour de Berlin-Ouest, avec chemins de ronde, miradors, alarmes en tout genre.
Un exode massif d'Est en Ouest
Le 13 août 1961, personne ne parle ouvertement en RDA des véritables raisons qui ont poussé le régime est-allemand - sous l'égide de l'Union soviétique - à construire le Mur. Et pourtant, elles sont claires : depuis la création de la République démocratique allemande, en 1949, plus de deux millions et demi d'Allemands ont quitté l'Est pour l'Ouest.
Le flot massif d'émigration représente un danger majeur pour l'existence même du pays. De là, le verrouillage de Berlin, dont la mise en œuvre a été assurée par Erich Honecker, alors secrétaire du Comité central pour les questions de sécurité :
"Avec la construction du mur de protection antifasciste, nous avons stabilisé la situation politique en Europe, nous avons consolidé la paix."
Erich Honecker deviendra en 1971 premier secrétaire du Comité central, et donc le nouvel homme fort est-allemand. Honecker restera toute sa vie accroché à ses positions anti-réformistes. Et moins d'un an avant la chute du Mur, il déclarait encore :
« Le mur existera encore dans cinquante ou cent ans – tant que l'on ne sera pas venu à bout des raisons qui sont à l'origine de sa construction. »
Le 9 novembre 1989, il était clair que le chef du SED, le parti communiste de RDA, s'était trompé.
Auteurs : Carine Debrabandère, Doris Bulau
Edition : Konstanze von Kotze