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Des interrogations sur la fiabilité des prisons en RDC

Jean-Noël Ba-Mweze
17 juillet 2024

Une série d’évasions pose des questions sur la fiabilité des prisons du pays. Récemment, 87 détenus se sont évadés d'une prison dans le Tanganyika.

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La prison de Kakwangura, à Butembo, dans l'est de la RDC
La prison de Kakwangura, à Butembo, dans l'est de la RDCImage : John Kanyunyu/DW

La plus récente est survenue dimanche (14.07.2024), dans la province du Tanganyika, où 87 détenus se sont évadés de la prison de Manono.

Tous appartiennent à un groupe armé, ce qui laisse supposer une opération organisée, avec des complicités sur place.

Les récentes évasions sont d’autant plus inquiétantes qu’elles se sont soldées par la fuite de plus d’une centaine de membres de groupes armés. 

Dans le territoire de Manono, dans le sud du pays, opèrent par exemple les Bakata Katanga, un groupe fondé après justement l’évasion spectaculaire, en 2011, de son ancien chef, Gédéon Kyungu Mutanga. 

Dans le territoire d'Isiro, situé dans le Nord-Est, on trouve cette fois de nombreuses milices, dont la plus sinistrement célèbre est la Coopérative de développement du Congo, la Codéco.

Fiabilité des prisons congolaises (audio)

Un danger pour les populations

Les hommes qui ont pu s’évader représentent donc un grand danger pour les populations locales, comme l’explique Emmanuel Colle, le président de la Fondation Bill Clinton pour les droits de l'Homme, une organisation qui s'intéresse aux prisons en République démocratique du Congo.

"Tous les gens évadés de la prison de Manono sont des miliciens des Bakata Katanga. C'est vraiment un danger pour la population du Grand Katanga parce que ce sont des éléments très dangereux. Ce qui est vrai aussi est que toutes les prisons qui ont été construites par l’administration coloniale belge sont maintenant dans un très mauvais état."

Des complicités internes

Les détenus de la prison de Manono sont parvenus à s’échapper grâce à un trou creusé dans un mur.

Une opération qui n’a pas pu se mener en une seule journée, selon Dicta Mwamba, le vice-président de la jeunesse de Manono, qui suspecte la complicité de certains policiers chargés de surveiller la prison. Il redoute aussi l'aggravation de l'insécurité dans cette partie de la RDC. 

"On est maintenant en insécurité. Sur 87 détenus, il n'y a plus personne qui est là. On est déjà dans l'insécurité. On se pose de multiples questions : comment ces gens-là ont pu creuser alors qu'il y avait des forces de l'ordre ? C'est désolant ce qui se passe ici à Manono. Ça ne va pas."

La République démocratique du Congo dispose de 121 prisons qui sont presque toutes vétustes, car construites à l'époque coloniale. Seules les prisons militaires de Ndolo à Kinshasa et Angenga ,dans la province de la Mongala, possèdent des standards de sécurité plus modernes, selon la Fondation Bill Clinton.

Jean-Noël Ba-Mweze Correspondant à Kinshasa en RDC pour le programme francophone de la Deutsche Welle@ba_mweze