Merkel envisage un appui au profit des réfugiés syriens
24 janvier 2020Jamais une rencontre entre Angela Merkel et Recep Tayyip Erdogan n’avait été si déterminante. Elle survient alors que Berlin a abrité il y a moins d’une semaine une conférence sur la Libye. Avant la visite de la chancelière allemande à Istanbul, le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu a critiqué l’Union européenne pour sa gestion du flux migratoire.
Au-delà du symbole
Angela Merkel et Recep Tayyip Erdogan ont pourtant évoqué des sujets moins brûlants avant la question des réfugiés. En inaugurant le nouveau campus de l’université germano-turque à Istanbul, Angela Merkel y a vu un exemple de la coopération entre la Turquie et l’Allemagne. Mais au-delà du symbole, Ankara et Berlin ont besoin de mieux coopérer sur la question libyenne.
L’Allemagne soutient l’impératif d’un Etat stable et d’un cessez-le-feu permanent en Libye. "Nous savons que tout est fragile. Je crois que c’est important que toutes les parties se soient engagées pour le document en 55 points. C’est un processus difficile que l’Allemagne continuera d’accompagner", a affirmé Angela Merkel au cours d’une conférence de presse conjointe avec le président Recep Tayyip Erdogan. Elle a affirmé que des efforts doivent être faits pour un cessez-le-feu permanent en Libye. La Turquie joue un rôle clé notamment depuis l’envoi de soldats pour soutenir le gouvernement du Premier ministre Fayez el-Sarraj. M. Erdogan a indiqué que le personnel militaire turc est en Libye pour entraîner les forces loyales à el-Sarraj. "Nous n’allons pas laisser el-Sarraj seul ", a déclaré le président turc. Appelant la communauté internationale à ne pas commettre en Libye les mêmes erreurs qu’en Syrie, il a réclamé plus de pression politique sur le Maréchal Haftar, au risque, a-t-il dit, de voir "le chaos se répandre au bassin méditerranéen". Poursuivant sa pression sur l’Allemagne et l’Europe, Recep Tayyip Erdogan a par ailleurs annoncé que 400.000 personnes venus de la ville syrienne d’Idlib s’approcheraient de la frontière turque.
Ankara menace en effet de laisser de nouveau passer les réfugiés syriens si les Européens ne respectent pas leurs engagements.
En 2016, l’Union européenne a approuvé un soutien financier de six milliards d’euros en échange de l’engagement de la Turquie de fermer ses frontières et de reprendre les réfugiés entrés illégalement en Grèce. Le ministre turc des affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu, avait annoncé, il y a quelques jours à des médias allemands que tous les fonds n’avaient pas été virés.
Appui éventuel
Angela Merkel a pour sa part envisagé un appui de l’Union européenne pour la construction de logements au profit des réfugiés au nord de la Syrie. "La Turquie est devant un immense problème", selon la chancelière allemande. Elle a annoncé des discussions au sein de l’Union européenne pour ce soutien de Bruxelles dans la gestion par la Turquie du flux migratoire. La spécialiste de la politique extérieure du parti de gauche die Linke, Sevim Dagdelen, a critiqué le gouvernement allemand qui considère le président turc comme la solution au problème des réfugiés, alors, dit-elle, que M. Erdogan en est la principale cause.