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La Minusca déclare "persona non grata" un expert indépendant

1 juin 2018

La mission de l’Onu en RCA a mis fin au contrat de l’avocat français Juan Branco. L’expert a accusé la Minusca d'avoir assassiné des civils et émis des doutes quant à l’indépendance de la Cour pénale spéciale.

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Juan Branco
Image : Privat

"La Minusca s’est débarrassée de moi rapidement" (Me Juan Branco)

Tout serait parti d’une série de tweets qu’a postés Juan Branco le 25 mai dernier dans lesquels il commentait un article du journal Le Monde sur les forces de l’Onu en Centrafrique.  À l’en croire, le 10 avril dernier, ces forces ont massacré plus de 30 civils et blessé cent autres sans aucune justification. "Faute de travail journalistique sérieux, un crime devient ‘incident’, et les civils massacrés, des cadavres à piétiner", écrit  l’avocat.

 

"Ces corps de civils brisés par l’impunité et par la propagande dont [le journaliste] se fait le relais furent le surlendemain déposés dans des linceuls blancs aux pieds des casques bleus qui les avaient tués, par des milliers de manifestants réclamant dignité", ajoute t-il. Avant de conclure: "l’ONU et les Casques bleus, assaillis de partout, le sont parce qu’ils ont une mission ahurissante qui les rend littéralement responsables de tout ce qui se passe sur le pays. Ils ne peuvent, ne doivent rien laisser passer".

Me Juan Branco a déclaré à la DW qu’un billet d’avion lui a été remis mardi (29.05) à destination de Paris et que les responsables de la Minusca lui auraient notifié oralement que s’il persistait à rester en Centrafrique, sa sécurité ne serait plus assurée.

Selon nos informations, trois experts ont été recrutés pour participer à cette mission indépendante, dans le but d’élaborer des stratégies pouvant permettre la poursuite et la condamnation de tous ceux qui seraient liés à la commission des crimes et autres violations des droits de l’Homme.

Joint par la rédaction, les responsables de la Minusca n’ont pas souhaité se prononcer pour l’heure sur cette affaire, jugée délicate.

Par ailleurs, l'Assemblée nationale centrafricaine a adopté mardi à une écrasante majorité la loi "portant règlement de procédure et de preuve devant la Cour pénale spéciale".     

Créée en 2015 sous l’ancienne présidente de la transition Catherine Samba Panza, la Cour pénale spéciale n’a pas effectivement débuté ses activités, même si une partie des procureurs qui la composent ont prêté serment à Bangui.

Grâce à l’adoption de cette loi, la CPS dispose dorénavant des moyens légaux pour commencer ses enquêtes.

"Elle offre une opportunité majeure de mettre fin aux cycles d'impunité qui attisent les violences" s’est réjoui le président de l'Observatoire centrafricain des Droits de l'homme, Mathias Barthélémy Morouba, cité par l’AFP.

Vous pouvez écouter l’intégralité de l’interview de Me Juan Branco en cliquant sur la photo.


 

DW MA-Bild Eric Topona
Eric Topona Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleETopona