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La musique au service de la paix en Centrafrique

Jean-Fernand Koena
10 mars 2022

C'est l'objectif que se fixe Didace Sabone, promoteur culturel à Bangui. Il met en valeur la musique traditionnelle centrafricaine tout en la modernisant.

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La chanteuse Gimima à Bangui, capitale de la Centrafrique
La chanteuse Gimima à Bangui, capitale de la CentrafriqueImage : Jean Fernand Koena/DW

La musique centrafricaine renaît progressivement de ses cendres. Mais dans sa quête de la paix, le pays a besoin également de se réconcilier avec ses valeurs traditionnelles.

C'est du moins ce que recherhe Didace Sabone, en mettent en place "Shoggi-Production"  qui promeut les artistes centrafricains.

"Le pays a traversé et continue de traverser une crise. La guerre civile, la guerre militaro-politique très-très sévère qui a causé ce qu'on appelle une rupture de lien social avec la tradition, avec nos racines et j'ai trouvé ça un peu inquiétant. Si on veut renouer avec la paix il va falloir que nous nous réconcilions avec  notre culture".

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Didace Sabone entend ainsi redonner à la musique centrafricaine ses lettres de noblesse, aujourd'hui, fortement dominée par des influences musicales venues d'ailleurs.

Le promoteur culturel Didace Sabone
Le promoteur culturel Didace SaboneImage : Jean Fernand Koena/DW

"La musique étrangère a complètement envahi la musique centrafricaine. Les musiciens centrafricains copient systématiquement ces musiciens là et cherchent à les ressembler. Et du coup, la République Centrafricaine est en train de perdre son identité musicale, son originalité et si on ne fait pas attention d'ici 15 à 20 ans notre propre musique s'effacera et sera écrasée par les autres. C'est pour cette raison que j'ai créé cette structure "Shoggi-Production" dans le but de produire les musiciens qui font exclusivement de la musique de chez nous. Et nous avons 4 grands rythmes en Centrafrique, nous avons le Montinguilin, le Yangba, le Gbadouma et le Ngarké. Et donc les musiciens qui évoluent dans ces quatre rythmes musicaux qui sont typiques de la Centrafrique nous les produisons et dans le but de faire en sorte que nous puissions valoriser notre propre musique de terroir et la développer."

Gemima Wapego en est la preuve avec sa toute première chanson, Yalé qui cartonne en ce moment. Nous l'avons rencontré.

"J'ai commencé avec Yalé et j'ai fait trois titres pour le moment. Ensuite j'ai fait Songo et Yamo. Yalé, C'est la déception, dans l'histoire, j'ai cru un homme qui est sérieux, un homme de mes rêves. Or, ce n'était pas le cas. C'est un homme qui n'avait rien, un fauché qui m'a montré qu'il était riche, qu'il était hyper bien et ce que je cherchais. Et par la suite quand j'ai su qu'il n'était pas celui que je désire, bref l'homme de mes rêves et c'est ce qui m'a découragé".

Didace Sabone sait aussi deceler de bons talents. C'est le cas de Frédéric Nzapamalé dit (Papa Biscuit; Viva Longo). Cet artiste comédien a toujours douté de ses talents de chanteur. Aujourd'hui avec ses cinq titres, il fait vibrer ses fans avec  sa danse traditionnelle modernisée. "J'ai repris la musique et je suis vraiment ravi."

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Le rêve de redonner à la Centrafrique l'authenticité de sa musique certains y croient comme Christian Aimé Ndotah.

Le musicien Papa Biscuits Viva longo
Le musicien Papa Biscuits Viva longoImage : Jean Fernand Koena/DW

"De l'identité culturelle en tant que telle, pour ceux qui ne le savent peut-être pas, la République Centrafricaine est multiethnique. Donc il y a beaucoup de musiques. Maintenant en faire de telles sorte que ce soit une musique unique qui soit l'identité du centrafricain et de la République centrafricaine, il y a eu des tentatives à l'époque, y avait Ndaye-Ndaye avec le rythme de la Lobaye, de Montinguilin qui avait été proposés comme l'identité de la musique centrafricaine. Mais elle est éparse et diverse également. Au nord on danse différemment qu'au sud, on danse à l'est différemment et à l'ouest aussi et parfois il faut essayer de faire cette symbiose."

"Lorsque vous écoutez par exemple Yolé de "Ngou Ti Wa" mais c'est un mélange de cette différente musique, ceux qui sont de l'est du côté Banda se retrouvent et ceux qui sont du sud du côté Yakoma-Sango se retrouvent et pourtant c'est la même musique mais avec de rythmiques qui sont différent et je pense qu'on peut faire un mixage. L'identité en tant que telle n'est pas disparue mais c'est la promotion qui ne se fait pas normalement".

Ecoutez le reportage à Bangui

C'est une aventure qui ne fait que commencer. Face à une forte demande et aux les moyens limités du producteur, Didace Sabone interpelle les autorités culturelles à investir davantage dans la culture afin de  moderniser la musique traditionnelle centrafricaine. 

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