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La tentation de l'extrême-droite à Chemnitz

Sandrine Blanchard | Daniel Andreas Sager
26 août 2019

En Saxe, dans l'est de l'Allemagne, l'AfD espère profiter de la peur des étrangers aux élections de dimanche prochain.

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Wahlen AfD Plakat
Image : picture-alliance/NurPhoto/M. Fludra

 Il y a un an exactement, un certain Daniel H. était assassiné dans la ville de Chemnitz, en Saxe, en Allemagne. Sa mort avait provoqué une vague de manifestations de l'extrême-droite, car l'assassin, reconnu coupable il y a quelques jours par la justice, était un demandeur d'asile.

Le week-end prochain ont lieu des élections régionales en Saxe et dans le Brandebourg, deux Länder de l'ex-Allemagne de l'Est, où l'AfD, parti d'extrême droite, pourrait devenir la première force politique. Pour mieux comprendre la réalité sur place, la DW a décidé de suivre Nick, originaire de Chemnitz. À quelques jours des élections, il discute de la situation avec plusieurs de ses concitoyens, divisés entre ceux qui veulent barrer la route à l'extrême-droite et ceux qui sont prêts à céder au chant des sirènes xénophobes.  

Still DW Reporter | Nick Kedzierski
Nick Kedzierski, habitant de Chemnitz Image : DW

Nick Kedzierski pratique les arts martiaux. Il vit à Chemnitz. C'est là qu'il est né, il y a 28 ans, et qu'il a grandi. Cette ville qui est devenue le symbole de la montée de l'extrême-droite dans l'est de l'Allemagne.

"Hooligans-nazis-racistes!"

Dimanche prochain, les habitants de la région sont appelés à renouveler leur Parlement.

Nick ne sait pas encore pour qui voter.

Chemnitz Pro Chemnitz Demonstration
Manifestation de l'extrême-droite, le 25 août 2019, à ChemnitzImage : picture alliance/dpa

Beaucoup de ses concitoyens sont attirés par l'AfD et ses slogans hostiles aux étrangers. Il le constate aussi dans son club de sport, ou lors de compétitions, comme récemment, à Zwickau tout près de là, où l'extrême-droite ne se cache plus. Il se souvient d'une finale, lors de laquelle "des gens du public criaient „HuNaRa". C'est-à-dire : hooligans-nazis-racistes".

La peur des autres

Depuis les violences de 2018, aucun de ses amis ne dit voter pour l'AfD, mais presque tous disent avoir peur, de sortir la nuit, de laisser leur enfant seul.

Dans sa famille aussi, les gens sont divisés. Nick n'est pas souvent d'accord avec ses grands-parents.

Sa grand-mère déclare : "Le soir, je n'ose plus sortir. C'est bête, mais avant ce n'était pas comme ça. Inutile de tourner autour du pot : tout le monde le dit, c'est la faute aux demandeurs d'asile." 

"Moi je suis contre le fait que, quand certains commettent des crimes, on les garde en Allemagne, au nom de je ne sais quels principes de droit international", renchérit le grand-père du jeune homme.

Chemnitz Bürgerfest "Herzschlag"
Fête citoyenne "Coup de coeur", pour protester contre les manifestations d'extrême-droite (Chemnitz, le 25 août 2019)Image : picture-alliance/dpa/H. Schmidt

Des bras ouverts

Ce discours xénophobe, Nick ne le comprend pas. "Mais il n'y a pas de problème avec les étrangers ! Moi, je suis né dans un monde globalisé. Quand on dit qu'il faut virer les étrangers, on oublie que l'Allemagne ne pourrait absolument pas survivre sans eux."

Tandis que l'AfD espère bien profiter de cette crainte des habitants de Saxe, les autres partis, eux, font campagne sur le silence qu'il faut briser contre la xénophobie rampante.

Même chose du côté des organisations de la société civile. Ces derniers jours, plusieurs rassemblements et manifestations ont été organisées en Saxe pour montre "un autre visage", plus ouvert aux étrangers, de la région, et pour combattre les idéologies racistes.

Samedi dernier, ils étaient 35 000 à descendre dans les rues de Dresde pour dire "non" au racisme.