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La visite qui agace l'opposition ukrainienne

Étienne Bouche17 décembre 2013

Alors que l'Union européenne a décidé de suspendre les discussions en vue d'un accord d'association, le président ukrainien est en visite à Moscou ce mardi. De son côté, l'opposition pro-européenne reste mobilisée.

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Le président ukrainien Viktor Ianoukovitch et son homologue russe Vladimir Poutine le 17 décembre à Moscou
Le président ukrainien Viktor Ianoukovitch et son homologue russe Vladimir Poutine le 17 décembre à MoscouImage : Reuters

Sur la place de l'Indépendance, on clame toujours son envie de se greffer à l'Union européenne. Quant à Viktor Ianoukovitch, il se rend en Russie, de quoi faire monter encore un peu plus la moutarde au nez des protestataires. Le président ukrainien se trouve en fait dans une situation particulièrement inconfortable : les négociations avec l'opposition n'ont rien donné, la mobilisation ne faiblit pas et les députés du parti au pouvoir, le Parti des régions, réclament désormais un vaste remaniement gouvernemental.

Vendre l'Ukraine

Viktor Ianoukovitch va-t-il « vendre » l'Ukraine à son « maître », comme l'estiment ses détracteurs de l'EuroMaïdan ? Des deux côtés, on affirme que l'Union douanière, censée ancrer l'Ukraine à l'Est, n'est pas à l'ordre du jour. Néanmoins, plusieurs accords devraient être signés. Un conseiller du Kremlin a laissé entendre qu'un important crédit pourrait être accordé à Kiev pour l'aider à sortir du marasme économique. Selon un autre responsable russe, Vladimir Poutine pourrait aussi offrir une petite ristourne sur le prix du gaz si l'Ukraine décidait d'accorder de meilleures conditions à la flotte russe stationnée en Crimée.

Soustraire l'Ukraine à l'influence russe

Manifestation pro-européenne le 16 décembre à Kiev
Manifestation pro-européenne le 16 décembre à KievImage : DW/A. Sawizki

De quel côté l'Ukraine va-t-elle finalement pencher, elle qui essaie habituellement de ménager ses deux interlocuteurs ? Au Kremlin comme à Bruxelles, on observe cette crise politique avec crainte et intérêt. Russes et Européens se disputent l'influence dans cette ancienne république soviétique. Les deux camps s'accusent mutuellement d'ingérence. À Moscou, on interprète l'insistance des Européens comme une volonté d'affaiblir la Russie en la privant d'un partenaire « naturel ». Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, dénonce l'hystérie des Occidentaux, qui soutiennent ouvertement les manifestants. Ce week-end, c'était au tour du républicain John McCain : « L'Amérique est avec vous ! ». De quoi alimenter à Moscou l'idée selon laquelle les Occidentaux seraient à la manœuvre pour soustraire l'Ukraine à l'influence russe.