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Défilé mortel : l'accueil de réfugiés au Rwanda mis en doute

23 février 2018

Cinq Congolais sont morts et vingt ont été blessés alors qu'ils protestaient contre la réduction de leurs rations alimentaires. De quoi, pour certains, remettre en cause la volonté du Rwanda d'accueil des réfugiés.

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Ruanda UNHCR Flüchtlingslager Burundische Flüchtlinge
Image : picture-alliance/dpa/D. Kurokawa

Alors que le Rwanda se présente comme un pays d'accueil pour les réfugiés, cinq Congolais sont morts et vingt autres blessés après la dispersion par la police, jeudi, d'une manifestation contre la réduction des rations alimentaires. Un événement qui soulève des critiques de la part de certains contre le pouvoir de Kigali. Ils commencent à douter de la volonté du pays d'accueillir les réfugiés, si déjà les autorités ne sont pas capables de protéger ceux qui se trouvent sur son sol. Le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés a condamné cet acte, le qualifiant de choquant et regrettable. 

Afrika Ruanda Frischwarenmarkt
Image : picture-alliance/robertharding/C. Kober

"Tuez-nous ! Tuez-nous  ! Tirez sur nous!" Il s'agit d'un groupe de plus de 700 réfugiés congolais en route vers le bureau du HCR à Karongi, à l'ouest sud du Rwanda, il y a trois jours. L'annonce de la réduction de 25% de la ration alimentaire pour les réfugiés congolais au camp de Kiziba, à l'ouest du Rwanda où ils sont au nombre de 17.000, a provoqué des manifestations tout au long de cette semaine.

Les réfugiés affirment qu'il vaut mieux vaut rentrer au pays d'origine, la République Démocratique du Congo, que de mourir de faim au Rwanda, où ils sont depuis 1996. Mais soudain, pendant la manifestation, les agents de police tirent en l'air, pour disperser les manifestants, qui, à leur tour, ripostent avec des pierres et des morceaux de bois ramassés dans des champs tout près du bureau du HCR. Une réunion est convoquée par la police.

"Le bureau du HCR vous a prévenu, en vain. Vous n'écoutez même pas ce que vous disent les autorités du pays. On vous dit de partir d'ici car ce n'est pas le camp de réfugiés. Hier, vous avez passé le temps à jeter des pierres aux agents de sécurité.

Contradiction avec les politiques affichées ? 

La résistance demeure et l'angle de tir change aussi, cette fois-ci dans la foule. Bilan : cinq morts et 20 blessés, selon la police rwandaise. L'incident meurtrier a provoqué des réactions dans un pays comme le Rwanda, qui n'a pas cessé de dire qu'il était prêt à accueillir les réfugiés souhaitant demander l'asile sur son sol, en particulier ceux qui ont fui la Libye. "Qu'est-ce qui me ferait croire que vous pouvez accueillir des réfugiés érythréens ou les Dinka du Sud Soudan si vous ne pouvez pas protéger les Congolais qui sont au Rwanda ?", questionne Robert Mugabe, journaliste critique du pouvoir rwandais. "C'est une dichotomie, une contradiction même. Ce n'est pas logique"

La réaction est également venue de Genève, où, dans une conférence de presse tenue ce 23 février au siège du HCR, la direction de cette agence onusienne a condamné l'acte de la police rwandaise le qualifiant de "regrettable et choquant".