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L'Allemagne réfléchit à une réforme de sa politique d'asile

20 juin 2024

Le gouvernement envisage de reprendre les expulsions vers l'Afghanistan et la Syrie. Voire de délocaliser une partie de la gestion des demandes d'asile hors de l'Union européenne.

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Deux pieds devant des drapeaux européen et allemand dessinés par terre (illustration)
L'Allemagne entend réduire l'immigration irrégulière sur son territoireImage : Oliver Boehmer/picture alliance

Les ministres-présidents à la tête des Länder allemands en ont discuté il y a deux jours [18.6.24] avec le chancelier.

Aujourd'hui, la "limitation de l'immigration irrégulière" était au cœur d'une réunion entre les chefs de régions et les ministres régionaux de l'Intérieur, à Potsdam, près de Berlin.

L'Allemagne débat d'accords avec des pays situés hors de l'Union européenne pour délocaliser en partie la prise en charge des demandeurs d'asile. Et les discussions sont houleuses. 

L'insécurité influence la migration irrégulière au Sahel

Renforcer les contrôles

Olaf Scholz est favorable à des partenariats plus étroits avec des pays tiers pour limiter l'immigration irrégulière vers l'Allemagne. Le chancelier social-démocrate prône également un renforcement des contrôles aux frontières.

La ministre fédérale de l'Intérieur, Nancy Faeser (SPD), se réfère au modèle Italie-Albanie. Cet accord prévoit "une limite maximale [d'accueil] de 3.000" personnes migrantes interceptées en Méditerranée dans trois structures différentes, en Albanie : l'une pour le débarquement et la vérification de l'identité des demandeurs d'asile, la deuxième pour les personnes en attente d'une réponse et la troisième pour les déboutés en passe d'être expulsés dans leur pays d'origine.

Nancy Faser estime que ces pratiques peuvent être partiellement envisagées, ce qui "soulagerait grandement" l'Allemagne, selon elle. La ministre précise cependant que la République fédérale ne peut pas faire reposer sur elles toute sa politique migratoire.

Le FDP et les conservateurs pour un durcissement

Autre parti de la coalition au pouvoir, le FDP suggère de lancer un projet pilote. Non pas sur le modèle britannico-rwandais, mais plutôt de favoriser l'examen des demandes d'asile dès les pays de transit, comme la Tunisie.

Officiellement, l'Allemagne ne négocie pour l'heure avec aucun Etat pour passer un tel accord. Mais l'Afghanistan et l'Ouzbékistan sont souvent cités comme possibles partenaires.

L'opposition chrétienne-démocrate (CDU/CSU) préconise de négocier directement avec les gouvernement d'origine des personnes migrantes, y compris les talibans ou le régime de Bachar al-Assad.

L'attaque de Mannheim comme accélérateur

C'est le chancelier qui a relancé l'idée d'une reprise des expulsions de criminels et autres éléments considérés comme dangereux vers l'Afghanistan et la Syrie. Olaf Scholz a émis cette idée à la suite d'une agression au couteau à Mannheim qui a ému l'opinion publique allemande, le 31 mai dernier.

Les autorités fédérales ont indiqué que 35 personnes ont été expulsées d'Allemagne dans ce cadre, depuis 2021, et que 129 ressortissants étrangers considérés comme "dangereux" se trouveraient actuellement sur le territoire national. Parmi eux, 100 ont déposé une demande d'asile en Allemagne par le passé.

ONG et gauche vent debout

Dans l'opposition de gauche, on s'insurge contre la délocalisation hors de l'UE des demandes d'asile. Plus de 300 organisations sociales et de défense des droits humains réclament au gouvernement d'abandonner cette idée. Elles dénoncent les coûts élevés de cette politique et surtout la "menace [qu'elle représenterait] pour l'Etat de droit", surtout dans un contexte de montée de l'extrême-droite.