L'année 2013 en Afrique dans le rétro
30 décembre 2013Dès les premiers jours de janvier, le Mali fait la « Une » de l'actualité. L'opération Serval de l'armée française arrive en renfort des troupes maliennes et africaines dans le nord du pays. Les soldats repoussent les groupes armés islamistes et contraignent des tribus touareg à négocier avec l'État central de Bamako. En juin, des accords sont signés à Ouagadougou. Fin juillet, l'élection présidentielle a lieu : l'ancien premier ministre Ibrahim Boubacar Keita est élu président. Il prête serment en septembre. « Je jure devant Dieu et devant le peuple malien de protéger la République fidèlement et d'exercer ma fonction dans l'intérêt supérieur de la nation, de préserver la démocratie et de garantir l'unité nationale et l'indépendance du pays, ainsi que l'intégrité du territoire national. » Mais à la fin de l'année les affrontements reprennent dans le nord. La réconciliation nationale est encore loin, mais les législatives se tiennent malgré tout sur l'ensemble du territoire.
Le Kenya et la CPI
En mars, les Kenyans élisent Uhuru Kenyatta président. Tout comme son vice-président, William Ruto, le nouveau chef de l'État est accusé de crimes contre l'humanité par la Cour pénale internationale. Uhuru Kenyatta, juste après son élection : « Malgré les doutes de certaines personnes dans le monde, nous avons démontré un niveau de maturité politique qui dépasse toutes les attentes. »
En septembre, le Parlement kenyan décide de suspendre sa coopération avec la CPI. Deux mois plus tard, la procureure de la CPI Fatou Bensouda demande le report du procès d'Uhuru Kenyatta, qui devait s'ouvrir en février 2014, car deux témoins-clés se sont désistés.
Le 21 septembre, le Kenya revient au premier plan médiatique, avec l'attaque terroriste du centre commercial « Westgate » à Nairobi, revendiquée par la milice islamiste somalienne des shebabs.
Lampedusa, le naufrage de trop ?
Début octobre, un nouveau naufrage au large de l'île italienne de Lampedusa fait plusieurs centaines de morts, pour la plupart des immigrés clandestins venus d'Afrique de l'Est. Abba Musse, prêtre catholique érythréen, pointe du doigt la politique européenne d'immigration : « Si les pays européens veulent lutter contre les passeurs, ils n'y a qu'un seul moyen : Ils doivent ouvrir la porte aux demandeurs d'asile et leur permettre d'immigrer légalement. »
Crise en Centrafrique
En Centrafrique, l'année se termine sur la menace d'une crise humanitaire. Après le coup d'État de la Séléka en mars, son chef Michel Djotodia s'autoproclame président. Mais de nouvelles violences éclatent à travers le pays, entre chrétiens et musulmans. La France lance fin novembre l'opération Sangaris en appui à la mission africaine de la Misca. Les organisations humanitaires alertent sur l'urgence de venir en aide à plusieurs millions de centrafricains à travers le pays.
Terrorisme au Nigeria
Au Nigeria, la secte islamiste Boko Haram terrorise des villages entiers dans le nord du pays. Le président Goodluck Jonathan décide de lancer une vaste opération armée. Son porte-parole explique qu'il s'agit de préserver l'unité nationale : « Le président n'est en aucun cas, soulignez ce mot, en aucun cas prêt à laisser un pouce de terrain de ce pays sous un autre contrôle que celui du gouvernement fédéral. »
Mais l'offensive militaire est impuissante à reprendre le contrôle et le couvre-feu mis en place n'empêche pas les attaques qui se poursuivent jusqu'à la fin de l'année. La population dénonce l'impuissance du président à rétablir l'ordre.
Mugabe réélu au Zimbabwe
Au Zimbabwe, l'élection présidentielle plusieurs fois reportée est finalement organisée. Le contexte est tendu, suite aux violences lors du dernier scrutin, il y a cinq ans. À l'époque, il oppose déjà l'actuel Premier ministre, Morgan Tsvangirai, candidat du MDC d'opposition, au chef de l'État sortant, Robert Mugabe.
Selon les résultats officiels, Robert Mugabe remporte à nouveau les élections avec 61 % des voix et consolide ainsi un pouvoir qu'il exerce dorénavant seul. Morgan Tsvangirai conteste les résultats et la communauté internationale s'inquiète des nombreuses irrégularités du vote.
Les rébellions se réveillent
En octobre, les tensions reviennent au Mozambique et ravivent de mauvais souvenirs. Les rebelles de la RENAMO annulent le traité de paix de 1992 avec le Frelimo au pouvoir. Depuis avril, l'opposition subit des pressions et des arrestations. Elle réagit par des attaques contre l'armée et le blocage de la route la plus importante du pays. Tout le monde redoute un retour aux heures les plus noires du pays. La guerre civile de 1975 est encore présente dans les esprits.
En République démocratique du Congo, les rebelles du M23 sèment la terreur dans l'est du pays depuis plus d'un an. Le Conseil de sécurité décide d'élargir le mandat des casques bleus de la Monusco. Emmenés par l'Allemand Martin Kobler depuis août, ils combattent désormais aux côtés de l'armée congolaise. L'opération est un succès: les rebelles du M23 finissent par se rendre et signent un accord avec le gouvernement de Kinshasa en décembre. Mais d'autres groupes armés continuent de sévir dans la région.
Disparition d'un géant de l'humanité
Cette année africaine mouvementée s'achève avec la mort de Nelson Mandela. Le président sud-africain Jacob Zuma annonce la triste nouvelle : « Notre Nelson Rolihlahla Mandela, le fondateur de notre nation démocratique nous a quittés. Il s'est éteint en paix auprès de sa famille, à 20h50 le 5 décembre. »
Pendant une semaine, le monde entier se réunit en Afrique du sud pour rendre hommage au premier président noir du pays, Prix Nobel de la paix. Et dire adieu à Madiba.