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Le dialogue politique, un remède efficace ?

Rémy Mallet
10 octobre 2019

Après le Cameroun, c’est au tour des acteurs politiques béninois de se retrouver à partir de jeudi (10.10.) pour discuter de la crise que traverse le pays depuis les législatives du mois d'avril. Pour quel résultat ?

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Kamerun Kardinal Christian Tumi
L'archevêque de Douala, le cardinal Christian Tumi (gauche) en discussion avec le fondateur du SDF, John Fru Ndi, au premier jour de l'ouverture du dialogue politique camerounais. Image : Présidence du Cameroun

En dehors du Cameroun et du Bénin où le pouvoir est à l'initiative d'un dialogue politique, le Tchad a mis en place depuis 2013 le Cadre national de dialogue politique, une structure chargée de régler les conflits politiques. 

Au Mali, les préparatifs du prochain dialogue inclusif ont débuté en début de semaine même si le gouvernement peine à convaincre l’opposition qui critique une concertation qui n'implique pas tous les acteurs. 

 

Tuareg Rebellen unterzeichnen Friedensabkommen in Bamako
Image : GettyImages/AFP/H. Kouyate

Faiblesse des institutions 

Même s'il est souvent salué comme étant une bonne initiative, le dialogue politique montre parfois ses limites. Non prévu par les textes constitutionnels, le dialogue illustre aussi le blocage des institutions selon Mathias Hounkpe, administrateur du Programme de gouvernance politique et de consolidation démocratique de l‘ONG OSIWA.

Cet expert trouve qu'il faut maintenant "trouver d’autres moyens de faire face aux défis politiques auxquels nos jeunes démocraties sont confrontées. C’est pour cela que vous observez des tentatives de dialogue pour régler des problèmes qui, normalement, auraient pu être gérés à travers le fonctionnement normal des institutions".

Un moyen de gagner du temps 

Si le dialogue est facile à mettre en œuvre, il n’est en revanche pas toujours le moyen le plus efficace pour régler les problèmes. 

Le pouvoir en place considère souvent ce type de dialogue national comme une manière de gagner du temps en offrant une concertation sous contrôle. C'est l'avis de Maurice Ndione Seck, professeur de sciences politiques à l’université Gaston Berger de Saint-Louis au Sénégal. 

"En réalité le dialogue est nécessaire pour le consensus", précise-t-il avant d'ajouter que "souvent, les acteurs impliqués ne jouent pas franc-jeu, notamment les tenants du pouvoir pour qui c’est un moyen de reprendre du souffle pour perpétrer les pratiques autoritaires".

 

Symbolbild - Schwieriger Dialog in Burundi
Image : Getty Images/AFP/P. Moore

Le dialogue, une nécessité pourtant

S’il est difficile de juger de l’efficacité réelle de ces dialogues, ceux-ci demeurent toutefois nécessaires dans les moments de crise, estime pour sa part Kag Sanoussi, président de l'Institut international de gestion des conflits. "Le dialogue est une des solutions car il permet de ne pas rompre les liens entre les protagonistes" explique-t-il.

Toujours selon Kag Sanoussi, la libération de l‘opposant Maurice Kamto au Cameroun dans la foulée du grand dialogue national est la preuve de l’importance de ce genre d'initiative. "Quand on maintient les liens de manière durable, on finit par trouver des pistes de rapprochement", conclut-il.

Toutefois, le plus difficile reste la mise en œuvre des conclusions. Une phase cruciale mais très souvent négligée par les pouvoirs en place.