Le procès Al Hassan à la CPI divise les Maliens
4 avril 2018Le djihadiste Al Hassan, ex-membre du groupe Ansar Dine, a été transféré à La Haye le samedi 31 mars 2018. Il est poursuivi pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité présumés commis à Tombouctou entre avril 2012 et janvier 2013.
Sa première comparution ce mercredi (04.04.) a été brève. Une trentaine de minutes. Au cours de l'audience, Al-Hassan Ag Abdoul Aziz Ag Mohamed Ag Mahmoud a été appelé à confirmer son identité et ses droits lui ont été communiqués.
Des crimes et des destructions de mausolées
Costume bleu sur fond rose avec une cravate tirant sur le marron, "Monsieur Al Hassan" - c'est comme ça que le juge Marc Perrin de Brichambaut l'a désigné - âgé de 40 ans, dirigeait le "Centre de recommandation du convenable et d'interdiction du blâmable". Il était, selon l'acte de poursuite, chef de facto de la police islamique à Tombouctou.
Le djihadiste aurait participé à l'exécution de décisions de viols, d'agressions contre des acteurs de la société civile de Tombouctou ainsi que de destructions de mausolées. Tout ceci au nom du groupe djihadiste Ansar Dine lié au réseau terroriste Al Qaïda.
Réactions divergentes au Mali
Au Mali, la procédure contre Al Hassan suscite diverses réactions. Yehia Ag Mohamed Ali, Touareg ressortissant du Nord et membre du parti politique Sadi (Solidarité africaine pour la démocratie et l'indépendance) se dit "profondément choqué par le fait que (son) pays transfère un de ses citoyens à une cour internationale. Une cour d'ailleurs qui est totalement décriée dans le monde entier. Beaucoup de Maliens ont été jugés ici pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre. Et c'est un très mauvais signal parce que les deux djihadistes qui ont été transférés sont des Touaregs."
Avant Al Hassan, la CPI avait déjà jugé et condamné le djihadiste malien Ahmad Al Faqi Al Mahdi.
Mais un autre Malien de Tombouctou, qui fait partie des victimes directes et qui a requis l'anonymat pour sa sécurité a confié son soulagement à la Deutsche Welle. Ce genre de procédures, affirme-t-il, "évite que les gens soient tentés de se rendre justice. Ceux qui ont été coupables de ces répressions ne s'en sont pas pris seulement à une communauté mais à tout le monde ! Moi-même j'ai eu à faire quelques heures chez cette police parce que je prenais des photos et c'est lui (Al Hassan) qui a conduit mon interrogatoire. Mais il y en a qui étaient plus dans la répression de rue que lui, qui sont là impunément et qu'on n'arrête pas !"
Notre interlocuteur souligne qu'un militaire a été abattu après l'annonce de la livraison du djihadiste Al Hassan à la CPI.
Prochaine étape : l'audience de confirmation des charges, prévue pour le 24 septembre. Durant l'audience de première comparution, Al Hassan s'est plaint de la présence d'une caméra de surveillance dans sa cellule à La Haye.