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Leipzig, 9.10.89 : le prélude à la chute du Mur

9 octobre 2009

Bien avant la chute du mur de Berlin, c'est l'autorité du gouvernement est-allemand dirigé par Erich Honecker qui se fissure en cet automne 1989 - et particulièrement le 9 octobre à Leipzig

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Septembre 1989 : les manifestants se réunissent tous les lundis à LeipzigImage : DW

En cet automne 1989, tous les regards des Allemands de l'Est sont dirigés vers Leipzig. Depuis un mois, des centaines de personnes se réunissent tous les lundis dans cette ville saxonne pour manifester leur droit à la liberté en RDA.

9 octobre 1989 : 70 000 personnes manifestent à Leipzig

Katrin Hattenhauer fait partie de ces manifestants. Elle est emprisonnée dès le mois de septembre. Et c'est derrière les barreaux qu'elle entend des bruits bizarres, le 9 octobre :

20 Jahre Mauerfall Momentaufnahme
Egon Krenz succède à Erich Honecker en octobre 1989Image : DW

« Au début j'ai simplement senti que les gardiens étaient très nerveux. Et d'un seul coup, j'ai entendu comme un bruit de fond, toujours plus perceptible. Et puis, on a eu l'impression que la prison tremblait. J'ai cru que c'était une colonne de camions qui passait près du bâtiment. Je n'aurais jamais pensé que c'était le bruit que faisaient 70 000 personnes dans la rue. »

L'Eglise, espace de liberté en RDA

Car en ce 9 octobre 1989, un mois jour pour jour avant la chute du Mur de Berlin, alors que personne ne pensait à ce moment-là que la fin du rideau de fer était proche, 70 000 personnes sont bien dans les rues de Leipzig, des bougies à la main, autour de l'église protestante Saint-Nicolas, où avaient lieu depuis le début des années 80 des prières pour la paix. Rainer Müller fait alors partie d'un groupe d'action :

20 Jahre Mauerfall Momentaufnahme
"Le peuple le plus heureux du monde" dans la nuit du 9 au 10 novembre 1989Image : DW

« Nous, on était chrétiens, on allait à l'église, les prières pour la paix étaient tout d'abord l'expression de notre foi, tout simplement. Ces prières étaient une conséquence logique de comment nous aurions aimé vivre notre chrétienté en RDA. Nous avions remarqué qu'il était impossible de rendre la société plus humaine. »

Mais les prières pour la paix se transforment en manifestations qui entraînent une révolution pacifique en RDA. Jusqu'à 300 000 personnes ont manifesté à Leipzig pour plus de démocratie. Les manifestants savent que la police a l'ordre de tirer sur les faiseurs de troubles. Le pasteur Friedrich Magirius soutient leur action mais craint pour leur vie :

"Les gens qui, comme moi, avaient vécu l'époque stalinienne au cours de laquelle les gens disparaissaient du jour au lendemain, devaient faire attention à ce que les plus jeunes ne courent pas de risques démesurés. Il ne s'agissait pas bien sûr de leur dire de rester inactif, mais il fallait leur faire comprendre que les choses étaient très graves."

Sous le régime est-allemand, l'Elise constituait le seul espace de liberté d'expression. Un espace très surveillé par le SED, le parti communiste de RDA, qui, dès 1988, fait démettre de leurs fonctions de nombreuses personnes au sein de l'Eglise protestante. Rainer Müller:

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6 octobre 1989: Le dernier discours d'Erich Honecker au Conseil d'Etat de RDAImage : DW

« La direction locale du SED a bien sûr été ravie de la décision de nos supérieurs d'interdire nos rassemblements. Nous n'étions plus autorisés à dire la prière dans l'Eglise Saint-Nicolas et nous ne pouvions plus non plus nous exprimer à l'extérieur. »´

Le mouvement ne s'essoufle pas, malgré la menace

Mais le mouvement ne s'essouffle pas. Au contraire, c'est suite à la répression que les citoyens ont décidé de ne plus seulement prier, mais de descendre dans la rue. Friedrich Magirius :

« La menace était réelle. Semaine après semaine, les autorités, c'est-à-dire notamment le Conseil des Eglises responsable de notre district, nous faisait comprendre qu'il était obligé d'intervenir, qu'il allait employer les grands moyens pour arrêter la contre-révolution. Mais les responsables soulignaient que si quelque chose se passait, c'étaient nous qui en serions responsables. Ils nous refilaient le bébé en quelque sorte. »

Le miracle a lieu toutefois. Les autorités est-allemandes sont dépassées par le nombre des manifestants. Le bain de sang tant redouté n'aura pas lieu. Et le mur tombe, un mois après le miracle de Leipzig.

Auteurs : Carine Debrabandère, Mechthild Baus
Edition : Anne Le Touzé